DANSE – Bobino nous invite à passer une soirée nostalgie dédiée aux plus grands paroliers de la musique française en compagnie du Ballet de Milan (il balletto di Milano), qui revient en France avec deux de leurs chorégraphies phares créées en 2010 : La vie en Rose et Le Boléro. Une soirée idéale pour voir la vie en rose, un soir de Saint-Valentin.
Le ballet de Milan : késako ?
Ambassadeur de la danse italienne, le ballet de Milan est une compagnie bien installée sur la scène internationale depuis une trentaine d’année et sous la direction de Carlo Presta depuis 1998. Il propose à la fois des pièces contemporaines et classiques sur toutes les grandes scènes internationales. Pour la petite histoire, le ballet de Milan a été la première compagnie italienne à se produire dans le prestigieux Théâtre du Bolchoï en 1999.
Madeleine, par St-Germain-des-Prés
Un garçon danse autour d’un micro, des hommes à chapeaux rigolent, des femmes à robes longues se font des confidences pendant que des rivaux se battent pour gagner le cœur d’une dame. Ces histoires du quotidien sont jouées par quinze danseurs, qui alternent entre solo, duo et danse de groupe sur les chansons emblématiques d’Edith Piaf, Yves Montand, Dalida, Jacques Brel, Charles Aznavour, et bien d’autres qui nous plongent dans un Paris rêvé, un Paris bohème comme le film Minuit à Paris de Woody Allen. Dans ce all-star, manquent à l’appel Barbara, Léo Ferré, Gainsbourg ou Reggiani. Chaque chanson a sa propre chorégraphie. Mais tous les tableaux ne sont pas malheureusement pas au même niveau, certains manquant même de synchronicité entre les danseurs. Nous assistons alors à une succession de clips avec un brin de nostalgie, qui nous ramène à l’époque de nos parents et grands-parents.
Certaines chansons nous ramènent à nos souvenirs d’enfance biberonnés à la chanson française comme une bonne vieille Madeleine de Proust, et les larmes nous viennent. Nous retiendrons le tableau très réussi de « Nathalie » où un danseur suit une danseuse, lui servant de guide sur la place rouge. Les paroles de la chanson de Gilbert Bécaud prennent alors tout leur sens. Et puis il y a le fameux tableau de La vie en rose pour laquelle Adriana Mortelliti a reçu le « Rieti Danza Award » de la meilleure chorégraphe. Plusieurs couples habillés tout en noir s’enlacent et se séparent.
Et on clôture cette première partie en apothéose avec le magnifique « Dans tes bras » d’Aznavour où des couples de danseurs s’étreignent et où les rôles des hommes et des femmes sont inversés : un vent de modernité. Cette dernière chanson avec son rythme enlevé empruntant la montée entêtante de son ostinato au Boléro et nous prépare alors à la deuxième partie. Le répertoire choisi pour cette première partie explore toutes les émotions de la vie : amour, solitude, rupture. Le tout sur des chansons magnifiques qui emportent les spectateurs dans leur émoi. Cependant la mise en scène est assez décevante. Il aurait mieux fallu avoir une scène vide qu’une image kitsch et floue de Paris sur une toile de fond issue d’un vidéo-projecteur.
Boléro : Ravel marvel
Le clou du spectacle reste quand même leur création sur Le Boléro de Maurice Ravel, une composition cultissime qui a inspiré de nombreux chorégraphes dont le grand Maurice Béjart. Carlo Pesta et Adriana Mortelliti réussissent leur coup en nous livrant une nouvelle version hypnotique et obsédante de leur Boléro avec un jeu de séduction où les danseurs ne cessent de se rencontrer et de se séparer. Organique et sensuel, il y a quelque chose d’hypnotisant dans ce couple qui s’aime et se déchire en multipliant les rencontres à l’infini.
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Bref, une soirée nostalgique et réussie, qui commence en douceur pour nous emmener vers le final tumultueux et bouleversant du Boléro. En sortant, nous replongeons volontiers dans nos souvenirs d’enfance en réécoutant les disques de Brel, Aznavour et bien d’autres…