DANSE – L’Opéra de Bordeaux fait la part belle à la danse néoclassique, en invitant 4 grands noms de la création contemporaine : un corpus de 3 ballets, qui chacun à leur manière explore le couple et ses subtilités.
Néo-Classique, késako ?
Longtemps boudé en France, le néoclassique a été taclé de trop désuet, trop bourgeois ou trop pompeux. Né au début du XXe siècle, il s’éloigne du lyrisme des ballets romantiques. Les mouvements sont plus minimalistes, les intrigues plus abstraites, et les alignements déstructurés. Influencé par les artistes d’avant-gardes (Cocteau, Matisse, Coco Chanel, Stravinsky) le ballet néoclassique modernise le vocabulaire technique classique.
Plus de 15 ans après leurs créations et jusqu’au 17 mars 2024, les bordelais auront la chance de découvrir trois édifices de ce renouveau de répertoire. Une plongée lumineuse, quoique parfois plus obscure, dans l’étrangeté des relations humaines.
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Du clair et de l’obscur dans Frank Bridge Variations
Le chorégraphe néerlandais Hans Van Manen conçoit Frank Bridge Variations en 2005. À travers une mise en scène épurée, qui laisse place aux jeux de lumière et de corps, il met le couple au centre de son œuvre. Ici, la lumière a toute son importance. Par des nuances de clair et d’obscur, la scénographie révèle la complexité des rapports qui se jouent entre ces couples. Tous et toutes vêtus d’une même combinaison uniforme, les genres s’effacent au profit des lignes, des sorties d’axes et de la rythmique. Plongés dans un espace architectural, les corps se font et se défont en parfaite symétrie. Il se dégage une simplicité des gestes, vifs, clairs, limpides mais jamais dénués de sensualité.
Le flirt amoureux de Step Lightly
Step Lightly naît de la rencontre artistique entre Sol León et Paul Lightfoot. Après 1991, le couple ne se lâche plus et collabore sur plus de 60 chorégraphies. Leur première création s’insère aujourd’hui dans un programme dédié au couple. Une mise en abyme pour le moins amusante ! Dans ce ballet, l’ambiance y est plus lumineuse. Les gestes plus primitifs. Débarrassées des traditionnelles pointes, les danseuses travaillent le sol et des postures plus bestiales. Portée par un chœur de femmes bulgares, la pièce oscille entre puissance, humour et tendresse. On assiste à une parade amoureuse, très théâtrale, dans laquelle les couples se jouent les uns des autres.
Le coup de foudre de Within the Golden Hour
Le triptyque se clôt sur Within the Golden Hour de Christopher Wheeldon, présenté pour la première fois en France ! Les lumières flamboyantes de Peter Mumford captent les derniers chatoiements d’un coucher de soleil. Les costumes étincelants, brodés de paillettes, habillent ces corps frénétiques. C’est au crépuscule que les danseurs se rencontrent le temps d’un pas de deux. Inspiré du répertoire néoclassique (positions parallèles, articulations brisées…), le chorégraphe anglais apprivoise d’autres langues. Tantôt virtuose classique, tantôt danseur de salon, tantôt tout autre chose, L’Heure Dorée est un petit bijou de poésie.
L’Opéra de Bordeaux présente ainsi un programme foisonnant d’inventivité et d’expressivité. Mention spéciale au corps de ballet, dirigé d’une main d’expert par Éric Quilleré, et qui fait honneur à un répertoire qui ne demande qu’à être re-vu !
Image de Une © Pierre Planchenault