CONCERT – En bon capitaine de vaisseau (loin d’être fantôme), Joseph Swensen a tenu la barre d’une épopée fantastique à l’auditorium de Bordeaux. Le futur directeur musical de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine a offert à ses nouveaux compagnons de fortune un de ses tubes, arrangés par lui-même : la Ring Odyssée, déclaration d’amour à la musique pour orchestre de Wagner. On quitte les rivages de Troie pour les berges de la Garonne. En avant pour une Odyssée épique…
Comme l’Odyssée d’Homère, le Ring de Wagner est de ces œuvres qui trônent dans l’inconscient collectifs de tous, mélomanes ou non : films, publicités, sitcoms… Des Simpson à Alien, celui qui théorisait l’œuvre d’art de l’avenir est pour le moins devenu en 150 ans un incontournable de la culture populaire.
Cheval de Troie
Faute de pouvoir monter un ring complet, tel Ulysse à l’entrée de Troie, Joseph Swensen doit concocter un plan pour faire rentrer un ring d’une petite quinzaine d’heures en 2H30. Pas de cheval de bois ici, mais une synthèse qui respecte l’ordre chronologique de l’œuvre originale et ses moments clefs. Elle permet au connaisseur de suivre le fil du récit malgré les ellipses. La première partie est donc consacrée à l’Or du Rhin et à la Walkyrie, la seconde à Siegfried et au Crépuscule des Dieux. Le découpage des quatre opéras est inégal. L’Or du Rhin et Siegfried sont assez rapidement abordés tandis qu’on donne beaucoup plus de place à la Walkyrie et au Crépuscule des Dieux.
Retour au pays
Comme Ulysse avec Pénélope, Joseph Swensen revient à Bordeaux une deuxième fois cette saison pour diriger son futur orchestre d’attache. On reste dans ce même esprit avec Wagner et ses vastes orchestrations, même si le chef saisit bien la dimension dramatique du Ring et ne se contente pas d’en faire une relecture symphonique. Tel Siegfried dans sa forge, Joseph Swensen trouve ainsi le parfait alliage de puissance et de subtilité nécessaire à tout bon Wagner. Quelques imprécisions sont toutefois à noter, dans la relation entre l’orchestre et les chanteurs notamment.
À lire également : Des nouvelles rassurantes de Joseph Swensen
Ceci dit, c’est une véritable épopée homérique qu’ont fait vivre au public l’ensemble des protagonistes de ce concert : avec des péripéties parfois aussi compliquées que la capture d’Ulysse par Calypso… Hormis pour le Walhalla, Brünnhilde, Siegfried et l’ensemble des personnages du Ring qui meurent tous (of course), le dénouement de ce concert est aussi heureux que celui de l’Odyssée, grâce à un Crépuscule des Dieux émouvant aux larmes…
Hâte d’entendre la retransmission sur sur Radio Classique le 21/09/2024 à 20h. 🙂