Toulouse 100% Brahms, haute fidélité

CONCERT – L’Orchestre National du Capitole de Toulouse dirigé par Frank Beermann donne à la Halle aux Grains un concert consacré à Johannes Brahms. Ils sont rejoints le temps du concerto par le violoniste Frank Peter Zimmermann.

Frank-ophonie
© Julia Bauer

L’amitié franco-allemande est chère à la ville rose, et c’est ainsi que deux musiciens d’outre-Rhin sont invités pour le concert de ce soir. Les collaborations de l’orchestre avec Frank Beermann sont régulières ces dernières années, en particulier à l’opéra où son Elektra et sa récente Femme Sans Ombre furent particulièrement remarquées. Ça faisait par contre une dizaine d’années que son compatriote Frank Peter Zimmermann ne s’était pas joint à l’ensemble toulousain. Frank Beermann dirige d’une gestuelle parcimonieuse. Il guide l’orchestre avec affirmation mais sans brider l’expressivité des pupitres. Il porte ainsi attention à la texture du son qui embarque l’auditeur par son velouté dès le début du concerto. La synchronisation est impeccable et cela se remarque dans le coup d’archet. Elle ne faiblit pas même dans les rythmes les plus effrénés comme au quatrième mouvement du quatuor en sol mineur. 

© Harald Hoffmann
En mono ET stéréo

La générosité du son s’associe à une certaine rondeur qui convient au compositeur et permet des transitions marquées sans paraître forcées. La richesse du concerto de Brahms est entièrement exploitée par l’orchestre que ce soit la dynamique souple et entrainante du troisième mouvement, la poésie des bois du deuxième et surtout la sensibilité dans son appui harmonieux en fond des aigus lyriques du violon soliste. C’est d’ailleurs dans ceux-ci que le jeu de Frank Peter Zimmermann est le plus émouvant, trouvant le juste vibrato, la juste tenue de note pour rendre son violon le plus expressif. Cette sensibilité se retrouve dans les deux rappels et en particulier dans l’arrangement du Erlkönig de Schubert où la tension des silences sur la fin du morceau se pose en regard de la technicité virtuose du doigté. Durant le concerto et en particulier au premier mouvement quelques excès de vigueur donnent par contre lieu à des impuretés dans le son du violon. Le tranchant des liaisons a également parfois du mal à faire sens avec la rondeur générale de l’orchestre. 

Magyarophone

Malgré une qualité de son égale et un travail intéressant sur les couleurs de l’orchestre s’apposant progressivement au troisième mouvement, les trois premiers mouvements du quatuor paraissent moins inspirés que le concerto. Ils sont tout de même l’occasion pour les solistes de cordes de dévoiler leur talent. Peut-être manque-t-il une idée directrice ou peut-être est-ce dû à la difficulté pour Frank Beermann de trouver des moments plus légers dans la (trop ?) dense orchestration de Schoenberg. Cette impression se dissipe totalement dès le début du mouvement final avec ses rythmes dynamiques, appuyés par la netteté des cordes. Les influences d’Europe de l’Est s’y font délicieusement sentir. La profondeur du thème de cordes au centre du mouvement captive l’attention du public jusqu’à l’éclatant final, aussi passionné que les applaudissements répétés qui s’en suivent. 

À lire également : Embrahmssez qui vous voulez !

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  • J. Brahms – Concerto pour violon en ré majeur, op. 77
  • J. Brahms – Quatuor en sol mineur, op. 25, orchestré par Arnold Schoenberg
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