DISQUE – La soprano Marina Rebeka sort un album d’airs d’opéra choisis parmi les plus fameux du répertoire. Elle collabore pour l’occasion avec l’orchestre de l’opéra de Wroclaw dirigé par Marco Boemi.
Des vrais airs de diva
Marina Rebeka possède une discographie déjà bien fournie autant par des enregistrements d’opéras complets (La Traviata, la vestale, Otello, etc.) que par des albums solos. Elle s’emploie sur chacun de ces derniers à définir un répertoire précis. Sa polyvalence se reflète ainsi non pas dans chaque album, mais dans leur cumul. Elle a par exemple consacré Elle à l’opéra français, Spirito au bel canto ou encore Voyage paru l’an passé à la mélodie. Dans cette même veine, parait Essence édité par Prima Classic dédié principalement au vérisme italien (mouvement débutant à la fin du 19ième siècle visant à développer musicalement les émotions de personnages souvent vulnérables sur fond social). Seuls trois airs y font exception, il s’agit d’extraits de Mefistofele, de la Dame de Pique et du chant à la lune de Rusalka. Un album de tubes qui fait donc la part belle à Puccini et à ses contemporains. On retrouve ainsi les incontournables « un bel di vedremo » (Madama Butterfly), « vissi d’arte » (Tosca), « la mama morte » (Andrea Chenier), « Quando me’n vo’ » (La Bohème), « Ebben ! Ne andro lontana » (La Wally), etc. Ce festival susceptible de sceller définitivement l’union du fan à sa diva chantant ses hits préférés constituait aussi un défi car leur interprétation par les plus grandes du siècle dernier (Callas, Tebaldi, Scotto…) est ancrée fermement dans les oreilles du lyricomane comme dans l’inconscient du plus parfait moldu, ce qui amène nécessairement des comparaisons qu’elles soient conscientes ou non.
Une essence vocale classée grand cru
Le défi est relevé et l’album est réussi. Marina Rebeka montre dans chacun des airs son sens dramatique et un travail sur la psychologie des personnages, trouvant à chaque mesure le juste ton, le juste frémissement de la voix. Elle incarne souvent les héroïnes sur le versant de la détermination et de l’acceptation du destin plus que sur celui de leur innocence. La chaleur et l’affirmation de sa voix y contribuent et elle introduit avec pertinence des grelots qui caractérisent en contraste la fragilité de ces héroïnes. L’excellente technique de souffle permet des notes longues et modulées et une grande souplesse dans le chant. Seule l’articulation pourrait parfois être plus appuyée pour détacher les syllabes et mieux structurer la ligne de chant.
l’Orchestre en manteau de soie
L’orchestre de l’opéra de Wroclaw dirigé par Marco Boemi est léger et aérien comme un nuage duveteux dans lequel se love la voix de Marina Rebeka, et derrière lequel elle fait émaner les rayons d’une aube grandiose. L’orchestre est précis et ménage une place spéciale pour chaque motif instrumental qu’il exprime, sans nécessairement forcer sur le volume. Il dessine ainsi les couleurs avec clarté et pureté. Il porte également une attention constante au soutien de la voix qu’il accompagne dans les nuances sans la dépasser.
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L’album se présente dans une jaquette cartonnée avec un petit fascicule en anglais contenant les paroles des airs et une présentation des artistes. Marina Rebeka reprenant de répertoire essentiel de toute diva lyrique montre qu’elle a en elle l’essence pour devenir l’une d’entre elle et continuer de se rapprocher de ses prédécesseurs qui ont marqué l’histoire de la discographie.
C’est pour qui ?
- Le novice qui veut s’initier rapidement et simplement aux plus grands airs qu’il a forcément entendus même sans les connaitre.
- Le collectionneur qui veut ajouter une nouvelle voix à ses airs préférés et profiter d’une prise de son et d’une technique vocale modernes aux cotés ses références chéris
- Les fans de Marina Rebeka
Pourquoi on aime ?
- Pour la subtilité et le raffinement de l’orchestre
- Pour les qualités de Marina Rebeka tant en terme dramatique que de technique vocale pure
- Parce qu’on n’est pas près de se lasser des plus grands tubes de l’opéra !