OPERA – En amont des JO de Paris, d’autres tenaient place sur la scène du théâtre des Champs-Élysées. Du 20 au 29 juin, L’Olimpiade de Vivaldi reprend les thèmes du sport et des compétitions olympiques, sous la baguette de Jean-Christophe Spinosi. Couplés à la mise en scène pétillante d’Emmanuelle Daumas, les solistes et l’ensemble Matheus ont marqué des points dans la création d’un spectacle total.
Un départ bluffant
Dès les premières notes de l’ouverture et le lever de rideau, l’esthétique charme. Le magnifique travail de lumière de Bruno Marsol, se poursuit tout au long du voyage. Les couleurs et les lumières sont traitées comme des tableaux, un clair-obscur par-ci, un monochrome par-là. La lumière peut être incisive sur un personnage ou colorée, accentuant ainsi l’attention ou le mystère, l’hésitation ou la colère, l’excentricité ou la beauté.
De multiples épreuves
Des mouvements chorégraphiés imaginés par Raphaëlle Delaunay s’ajoutent à la poésie ambiante. Natation. Lutte. Course. Sauts. Tir. Lancer… Les différentes disciplines des jeux sont stylisées dans des mouvements lents où on s’amuse à les reconnaître. Parfois comique, parfois physique, l’expression artistique du corps est également très fascinante grâce au concours de Quentin Signori qui fait un numéro d’acrobaties circassiennes et de sangles aériennes. Il tourne, bondit, s’enroule, virevolte au rythme des variations des femmes de L’Olimpiade. Moment suspendu dans les airs et dans le temps lors de l’aria d’Aristea – Caterina Piva- « Sta piangendo la tortorella » vers la fin de l’acte I. L’Art n’a ici pas de limite : il est visuel, il est sonore, il est expression, il est émotion, il est profondeur, il est légèreté.
Chant et danse : le biathlon
La concordance des voix et des mouvements est aussi à son apogée lors de l’aria « Gemo in un punto e fremo » de Jakub Józef Orliński dont la chaleur du timbre rend poignant le désespoir, la colère et la folie induite par la perte d’un précieux ami. Le tout est entremêlé de mouvements de breakdance, fusionnant sport, art, danse et chant ; et accompagné par des danseurs incarnant la fébrilité et l’étrangeté de la vie.
Megacle, Marina Viotti bodybuildée, interprète un aria da capo aux variations nuancées, aussi naturel sur scène que dans les airs. Luigi de Donato et Christian Senn brillent également dans leur interprétation, ils nous transmettent sourires, rires, tiraillements et inquiétudes.
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Un relai qualifié
Les instruments de l’Ensemble Matheus sont mis tour à tour en valeur : violoncelle sur scène, incisions des violons, envolée de clavecin, apesanteur du théorbe, palpitations de la guitare baroque, velouté des altos, profondeur des contrebasses et bien sûr puissance des cors. Spinosi propose une lecture intéressante de l’œuvre de Vivaldi avec de nombreuses ruptures de tempo et des interludes riches en couleurs et élégance. Sa musique est à la fois dynamique et vigoureuse, aérienne et chatoyante. Disclaimer : des effets sonores enregistrés, ou les cris et bruits des danseurs peuvent déranger certains.
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Le spectacle s’achève comme il a commencé : par une ovation. La première était dédiée à Jodie Devos, programmée pour cet opéra avant que le cancer ne l’emporte. La seconde célèbre peut-être la victoire sur la mort, l’immortalité d’un opéra de 1734 et la diversité de l’art au présent qui le rend si vivant.