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Midsummer Festival : résurrection baroque

FESTIVAL – Dans le cadre intimiste du Jardin d’hiver du Château d’Hardelot, le flûtiste François Lazarevitch et ses Musiciens de Saint-Julien voyagent dans le temps en dévoilant des sonates inédites de Marin Marais, compositeur français du XVIIe siècle encore trop méconnu. Le Midsummer Festival offre une plongée enchanteresse dans le passé.

Après une balade délicieuse dans les beaux jardins du Centre culturel de l’Entente, nichés au pied du Château d’Hardelot enchanteur, l’après-midi ensoleillée de ce week-end célébrant le solstice d’été se poursuit dans l’écrin du Jardin d’hiver. Exceptionnellement, le Midsummer Festival délaisse la musique anglaise pour mettre à l’honneur la musique française.

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Un collectionneur américain a récemment exhumé des sonates inédites pour flûte traversière et basse de Marin Marais, enfouies dans un recueil manuscrit du XVIIIe siècle. Porté par sa passion, François Lazarevitch s’est empressé d’étudier et de ressusciter ces œuvres par la pratique instrumentale, avant même leur réédition. Le public du festival a donc le privilège d’assister en primeur à la renaissance de ces sonates, endormies depuis plus de trois siècles !

© CD62

Si toutes ces compositions ne prétendent pas à être des chefs-d’œuvre, elles dégagent néanmoins une grâce et une finesse indéniables, sublimées par le talent de François Lazarevitch et de ses complices des Musiciens de Saint-Julien : la violiste Lucile Boulanger et le luthiste Éric Bellocq. Leur interprétation, empreinte de sérieux et de concentration, se traduit par une lecture scrupuleuse de la partition. Sans exubérance dans les dynamiques et les choix de tempo, qui restent mesurés, certaines pièces laissent pourtant transparaître l’essence de la danse qui anime ces suites, à l’instar des Menuets de la Suite en sol mineur. L’exécution est résolument baroque, parsemée d’ornements élégants et soignés, dont un léger vibrato de la flûte qui insuffle vie aux notes tenues. La gratieuse Sarabande de la Suite en mi mineur en offre une parfaite illustration, les mélodies plaintives de la flûte dialoguant en contre-chant avec la viole de gambe.

La musette : invitée surprise au bal baroque

Oui oui, la musette ! François Lazarevitch introduit cet instrument au timbre nasillard et plus sonore que la flûte traversière, apportant une couleur inattendue mais plaisante à l’ensemble, en complément à la chaleur tendre de la viole de gambe et à la clarté précise de l’archiluth ou de la guitare. Face aux caprices la météo et à l’humidité ambiante, peu propices à cet instrument délicat du début du XVIIIe siècle, l’artiste s’excuse avec humour de ses ajustements, gagnant facilement l’indulgence du public pour les rares et discrets écarts d’accord. Doté d’un autre instrument rare, le chalumeau parallèle, Lazarevitch explore une tessiture élargie dans les aigus de sept notes, malgré un changement de registre audible. Parmi les pièces redécouvertes, la très belle Plainte en ré mineur du manuscrit Panmure pour viole de gambe se distingue particulièrement, Lucile Boulanger y démontrant une sensibilité poignante en imitant deux voix humaines entrelaçant leurs mélodies tendres, presque amoureuses.

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Après une démonstration virtuose avec La Polonoise, le trio offre en bis une entraînante et joyeuse Suite de menuet du Poitou, couronnant ainsi ce voyage musical et comblant le public attentif et reconnaissant du Midsummer Festival.

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