COMPTE-RENDU – Très attendue au Théâtre Antique, Khatia Buniatishvili brave les éléments pour la Nuit Tchaïkovski avec l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo dirigé par Kirill Karabits.
Enfin ! Plus rare en concert depuis un an, Khatia Buniatishvili était attendue avec impatience par le public des Chorégies d’Orange. Et après l’annulation du concert en 2023, les nerfs auront été mis à rude épreuve par une météo capricieuse, puisque l’entrée du public se déroule sous la pluie et dans l’incertitude quant à une possible nouvelle annulation. Le suspens aura duré jusqu’au bout, mais la pluie ayant cessé, l’organisation et les artistes décident finalement de braver les éléments et de nous laisser pénétrer, pour notre plus grande joie, dans le Théâtre Antique.
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Tonnerre d’applaudissements pour Khatia
Khatia Buniatishvili surgit en Rockstar, ovationnée dès son entrée en scène, jusqu’à son installation au piano (et la scène des Chorégies est longue !). Après un ultime essuyage de pédale, nous rappelant au passage que la pluie n’est pas loin, place à la musique, avec le célébrissime (mais non moins redoutable !) Concerto pour piano n°1 de Tchaïkovski avec l’Orchestre Philarmonique de Monte-Carlo, sous la direction de l’impeccable Kirill Karabits.

Un déluge de virtuosité dont Khatia Buniatishvili a le secret est largement salué par le public dès la fin du premier mouvement. À l’image du reste de l’œuvre, si exigeante, et qui est menée ce soir à un tempo infernal. Sans sonorisation, toutefois, le piano se voit, à de multiples reprises, et surtout dans les passages pianissimo, couvert par un orchestre qui profite davantage du renvoi du son induit par le mur du théâtre. Mais le public retient surtout la cadence du premier mouvement, qui s’ouvre sur un flot de notes perlées, le départ explosif du troisième mouvement et surtout le thème final, magnifiquement amené. Devant les applaudissements nourris et enthousiastes, Khatia Buniatishvili donne en bis une variation sur La Javanaise, accompagnée en chœur par le public, puis régale les amateurs de virtuosité avec une autre variation sur la Deuxième Rhapsodie hongroise de Liszt (des cordes comme s’il en pleuvait).
Kirill Karabits in the rain
Sans entracte (à peine une pause technique, le temps de mettre le piano à l’abri et de reconfigurer l’orchestre), l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo et Kirill Karabits nous enchantent, en deuxième partie de cette nuit Tchaïkovski, d’extraits du Lac des Cygnes. Le chef Ukrainien, par son énergie joyeuse et communicative et sa gestique précise, parvient à tirer le meilleur de l’orchestre, qui livre une prestation impeccable. Le public apprécie particulièrement le son des pupitres de cuivres et bois, magnifiés par le lieu, et retiendra le très beau duo entre la harpe et le premier violon, auquel il reste comme suspendu. Kirill Karabits, quant à lui, alterne les caractères avec impétuosité, et dirige avec une grande expressivité, semblant parfois vouloir attraper les sons. Malgré un retour de la pluie en fin de concert, entraînant une interruption de quelques minutes, il maintient l’intensité dramatique jusqu’au bout du thème final, qui se conclut sur des trombes d’applaudissements du public.
La Danse Russe du Casse-Noisette, donnée en bis, vient conclure cette Nuit Tchaïkovski. Un succès qui s’arrose !
