CONCERT – Sous la baguette de sa directrice musicale Debora Waldman, l’Orchestre National Avignon-Provence propose au théâtre des Halles un programme de rentrée mêlant conte animalier et tubes du répertoire.
Portes ouvertes
Initialement fait pour les écoliers à un public scolaire, le concert de rentrée de l’ORchestre National Avignon-Provence est prolongé d’une cinquième représentation ouverte à tous. Le programme d’une petite heure est composé des tubes : Quatre Saisons de Vivaldi, Badinerie de Bach, Symphonie pastorale de Beethoven, Symphonie Jupiter de Mozart, etc.) entremêlés autour d’un conte enfantin en fil conducteur. C’est l’histoire d’un lapin qui veut devenir…un arbre.
Violon-Lapin, Fourmi-Flûte : les sciences-nat’
La fable est contée par Debora Waldman elle-même. Des extraits enregistrés s’ajoutent à la fête, issus par d’autres enfants : les participants à DEMOS, programme d’éducation musicale. En plus de prêter leurs voix à certains des protagonistes du récit, ils évoquent leurs expériences personnelles, dans l’apprentissage de la musique notamment. Chaque animal de l’histoire est associé à un instrument (présenté au début du concert). Le programme tient ainsi compte de ces personnages, avec des morceaux choisis pour mettre en avant l’instrument qui les représente
- Bach et sa flûte pour la fourmi
- Les motifs de violon solo des Quatre Saisons pour le lapin etc.
Le placement des extraits s’insère aussi dans le contexte et l’évolution du récit :
- Le Gewitter – Sturm de la Pastorale de Beethoven pour la tempête dans la nature
- Le Nocturne du Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn à la fin de la journée du lapin, etc.).
Les premiers de la classe
Le conte comme les morceaux choisis sont l’occasion de servir les solistes de l’orchestre, tous virtuoses. Il faut mentionner en particulier la violon soliste Sophie Saint-Blancat qui interprète les parties techniques de l’allegro du printemps des quatre saisons avec autant de virtuosité que de sensibilité. Ses dialogues avec les deux autres solistes sont aussi très réussis, que ce soit dans la fluidité des enchainements ou dans l’intention, donnant une voix particulière à chacun. La flûte de Yaeram Park allie dans la badinerie la finesse au soupçon d’espièglerie nécessaire.
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L’Allegro vivace de la symphonie Jupiter ouvre et ferme le concert. Il inscrit ainsi le renouveau de l’histoire, le lapin étant amené à vivre une nouvelle journée à l’issu du récit. Il est interprété avec la puissance nécessaire à en faire une introduction théâtrale et solennelle (quitte à paraître rigide). Quelques défauts d’unité y sont perceptibles lors de sa première occurrence, d’autant plus marqués par l’acoustique mate du théâtre des Halles (plutôt habitué à recevoir du théâtre contemporain) qui permet d’apprécier finement le caractère de chaque instrument mais est pour les mêmes raisons, impitoyable au moindre écart.
Printemps charmant, automne qui tonne !
Ces légères imperfections s’estompent complètement pour la suite du concert. Debora Waldman parvient à insuffler aux musicien l’esprit et le caractère particulier de chaque extrait. On en relèvera deux :
- Le Printemps des Quatre Saisons avec son introduction entrainante et le foisonnement des violons et des instruments
- La Symphonie pastorale (qui sera donnée dans son intégralité avec un autre chef un peu plus tard dans la saison). Le charme bucolique dans l’introduction est aussi bien rendu que l’intensité de la tempête du quatrième mouvement (précédée d’une participation du public invité à faire le vent, la pluie et le tonnerre avec ses mains).
Le public venu de tout âge se prête au jeu et à l’histoire. Il applaudit chaudement entre les morceaux et à la fin du concert. Mais sans traîner hein : demain y’a école !
Demandez le programme !
W.A. Mozart – Symphonie n°41 dite « Jupiter«
J. Haydn – Symphonie « le matin », Symphonie n°6
J.S. Bach – Badinerie
I. Stravinsky – Pastorale (orch. Léopold Stokowski)
A. Vivaldi – Les Quatre Saisons : « le Printemps »
L.V. Beethoven – Symphonie n°6 dite « La Pastorale«
F. Mendelssohn – Songe d’une nuit d’été : « Nocturne«