AccueilInterviewsInterviews - DanseMalandain, danser pour la vie, partie 2 : Le Temps d’Aimer…

Malandain, danser pour la vie, partie 2 : Le Temps d’Aimer…

ENTRETIEN –  Triste nouvelle pour les amateurs de danse : Thierry Malandain, créateur prolifique de plus de 80 ballets a annoncé qu’il quitterait ses fonctions de directeur du CCN Malandain Ballet Biarritz à la fin de l’année 2026. Pendant une heure, l’un des chorégraphes français les plus connus à l’international a retracé son parcours avec nous. Ses plus beaux souvenirs en tant qu’interprète et chorégraphe et son implication dans le Festival Le temps d’aimer. 

Deuxième partie : « le public a le droit d’être exposé à toutes les formes de danse »

Pourquoi la création d’un festival ? 

Le festival « Le Temps d’Aimer » a été créé il y a 34 ans, en 1991, sous l’impulsion de Didier Borotra, maire de Biarritz récemment décédé, et de son adjoint à la culture, Jakes Abeberry, un ancien danseur basque passionné de danse. Cette initiative s’inscrivait dans leur vision de développer la danse à Biarritz. Le festival a précédé la création du ballet en 1998, qui était leur rêve ultime : avoir une compagnie à demeure. Ils se sont rapprochés du Ministère de la Culture et de l’Inspecteur général de la danse, le chorégraphe Didier Deschamps pour créer un Centre Chorégraphique National (CCN). J’ai été directement impliqué dans ce projet dès le début. À l’époque, nous étions à l’Opéra de Saint-Étienne, une maison dynamique mais limitée en termes de subventions et de statut. Nous avons été alors invités au festival et après une représentation au Casino Municipal, on m’a proposé de diriger le CCN de Biarritz. Cette offre était un miracle, car la création d’un CCN est un événement rare.

L’après-midi d’un Faune, Malandain Ballet Biarritz, 2001 © DR

Les débuts à Biarritz ont été difficiles. Nous sommes passés d’une salle avec orchestre à Saint-Étienne à un public de personnes âgées. Le maire m’a donné carte blanche, malgré la pression de certains habitants pour des ballets plus traditionnels avec des tutus et des pointes. Je lui avais répondu : « Je peux ça ne me dérange pas mais si je fais ça, je suis mort ailleurs ». J’ai donc choisi de maintenir une approche contemporaine pour préserver notre crédibilité artistique ailleurs. Pour nous faire connaître et accepter, nous avons alors beaucoup travaillé avec les enfants et dansé à l’extérieur. Cette stratégie nous a permis de nous intégrer progressivement dans le paysage culturel de Biarritz et de fidéliser notre public.

Comment choisissez-vous les compagnies invitées ? 

Le processus de sélection des compagnies invitées au festival « Le Temps d’Aimer » est le fruit d’un travail d’équipe. Auparavant, le festival était géré par une association indépendante, Biarritz Culture, tandis que j’étais directeur artistique du ballet et du festival, mais sans lien direct entre les deux entités. Mais la nouvelle maire de Biarritz a alors décidé de confier la gestion du festival au ballet à son arrivée il y a 3 ans, ce qui a entraîné l’intégration du personnel de Biarritz Culture dans notre équipe.

Nathalie Verspecht et Cedric Godefroid, Carmen, Malandain Ballet Biarritz, 2008 © Olivier Houeix

Le festival a toujours été éclectique, et nous maintenons cette ligne directrice. Contrairement à certains festivals qui se concentrent sur un style de danse spécifique, comme celui de Montpellier, nous croyons en la diversité. Je suis convaincu que le public a le droit d’être exposé à toutes les formes de danse. Il ne m’appartient pas de décider ce que les gens doivent voir, car nous avons tous des origines et des goûts différents. De plus, notre région ayant une riche tradition de danse, le festival est l’occasion de montrer ce qui se fait ailleurs.

À lire également : Thierry Malandain, danser pour la vie, partie 1 : l'enfance de l'art

Notre programmation englobe tous les styles de danse, y compris ceux que je n’apprécie pas personnellement. C’est un point important car cela garantit une véritable diversité. La sélection est un équilibre entre plusieurs facteurs : nous devons attirer l’attention de la presse avec des spectacles inédits, tout en incluant des compagnies nationales, régionales et internationales, ainsi que des artistes moins connus. Finalement, nos choix sont le résultat d’un compromis entre tous ces éléments, en tenant compte des contraintes budgétaires. Cette approche nous permet de proposer un festival riche et varié, reflétant la diversité de la danse.

Avez-vous des spectacles à nous conseiller ? 

Je ne peux malheureusement pas assister à beaucoup de spectacles en raison de contraintes géographiques et de temps. Je me tiens néanmoins informé en visionnant des vidéos. Parmi les chorégraphes que j’apprécie particulièrement, je citerais Mark Morris, un Américain peu connu en France qui a succédé à Béjart au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles. J’apprécie également le travail de Christian Spuck, actuellement à la tête du Staatsballett de Berlin.

Si nous disposions de plus de moyens, j’aimerais faire venir davantage de compagnies prestigieuses au festival « Le Temps d’Aimer », ainsi que des jeunes chorégraphes talentueux peu connus en France. Par exemple, pour cette édition, nous faisons venir les ballets de Monte-Carlo, mais cela coûte cher, nous ne pouvons pas faire venir 3 compagnies de ce calibre-là. 

Suite et fin de cet entretien dans la partie 3 : « l‘expérience Biarritz« 

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