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Carmina Burana, memento dansi

DANSE – Sur une scène jonchée de paille, Carmina Burana retrouve sa sauvagerie originelle. Le Théâtre 13ème Art invite la Szeged Contemporary Dance Company et nous avec dans un voyage initiatique au cœur d’une tribu primitive. La musique du chef-d’œuvre de Carl Orff sert de toile de fond à une chorégraphie qui célèbre la vie, la mort, l’amour, la joie et la souffrance. 

Des sujets universels aux plaisirs terrestres 

Le spectacle phare de la compagnie hongroise débarque enfin sur les planches parisiennes : Carmina Burana dansant sur cette partition composée sur des poèmes médiévaux en 1937 par Carl Orff et qui a marqué l’imaginaire collectif (notamment grâce à son célèbre « O Fortuna » popularisé jusque dans les films Hollywoodiens).

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En 2000, le chorégraphe hongrois Tamás Juronics s’attaque à cette partition pour en livrer une version chorégraphique percutante. Plongeant dans cette pièce célébrant les plaisirs terrestres qui font basculer les hommes vers la luxure, sa création nous précipite dans un monde primitif où la mort rôde, où les corps s’abandonnent à des rituels aussi mystérieux que barbares. Une plongée vertigineuse dans les tréfonds de l’humanité.

Et la mort rôde 

Le rideau se lève et c’est bien la Mort personnifiée qui ouvre le spectacle avant d’être violemment repoussée par l’ensemble des danseurs. Le ton est donné et cette ouverture aborde d’emblée les thèmes majeurs de l’œuvre : la faucheuse qui rôde, la puissance des rites collectifs et la violence bestiale du groupe. Et on se demande alors qui sera le prochain à mourir dans cette tribu de barbares. Dans cette société païenne, les hommes imposent leur loi de façon violente et les femmes tentent d’échapper à leur destinée tragique (ce qui n’est pas sans rappeler l’actualité brûlante de certains pays). Les danseurs se métamorphosent en protagonistes d’un rituel ancestral oscillant entre brutalité lorsque le sang macule leurs corps et étreinte charnelle quand les corps des hommes et des femmes s’entremêlent dans une quête effrénée pour la survie. C’est alors qu’au sein de cette tribu barbare émerge une figure lumineuse : une jeune fille qui goûte soudain à l’ivresse du bonheur en tombant amoureuse. Elle rêve alors d’un avenir heureux qu’elle n’aurait pas pu imaginer. Mais la Fortune, dans sa cruauté implacable, ne s’émeut guère de la beauté de ses instants volés et n’épargne pas les êtres lumineux. Le solo final bouleversant de cette jeune fille précède sa chute inexorable : la mort. La faucheuse rôde. On s’en doutait depuis le début.

Souviens-toi que tu vas danser

La chorégraphie de Tamas Juronics, mêle avec brio l’héritage classique et les codes contemporains avec de nombreux portés acrobatiques. Si les moments d’ensemble impressionnent par leur puissance hypnotique, les duos amoureux avec les étreintes charnelles touchent par leur délicatesse. Ce ballet puissant et hypnotique transcende la simple narration pour devenir une méditation sur la mort et l’existence. Chaque épreuve que la vie nous offre est un miroir qui va révéler notre véritable nature et permettre une meilleure connaissance de soi-même. Le final en est même cathartique, quand face à un soleil rouge sang, les chaînes suspendues aux plafonds tombent une à une dans un fracas libérateur. Cette image puissante suggère que la vraie liberté ne réside peut-être pas dans l’évitement de son destin mais dans l’acceptation lucide de la souffrance inévitable et de la mort. Bref la vie est éphémère, soyons heureux d’être en vie et contents d’avoir assisté à cette expérience cathartique portée par la virtuosité des danseurs et la musique magnifique d’Orff. 

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