CONCERT – L’Orchestre de l’Opéra de Toulon propose au Palais Neptune un concert où Mozart dialogue avec une création contemporaine de Raphaël Lucas, sous la direction de Raphaël Merlin, avec la pianiste Olga Jegunova et le tubiste Thomas Leleu : touchant en plein cœur le public toulonnais, attaché à sa maison lyrique.
Deux chefs-d’œuvre du compositeur autrichien encadrent L’Empire des lumières, Concerto pour piano, tuba et orchestre, création du jeune Raphaël Lucas.
Faire battre le C(h)œur des Toulonnais
Dès les premiers instants, l’émotion va droit au cœur du public. Dans l’Auditorium, les membres du Chœur de l’Opéra de Toulon entrent en scène sous une vague d’applaudissements nourris. Après l’annonce, en ce même lieu, de la disparition programmée de leur phalange, quelques mots suffisent à poser l’enjeu et puis ils élèvent leurs voix en un poignant “Va, pensiero” du Nabucco de Verdi (chargé d’émotion, chantant l’exil et l’injustice, faisant trembler les murs de la salle, ainsi que les cœurs du public). Face à eux, le public se lève et les ovationne : ce soir, la musique se fait cri de liberté.
Le cœur y est et en cet épicentre d’émotion comme à travers la France, le monde lyrique et symphonique, le cœur sur la main, fait entendre sa voix de soutien.
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Coup de cœur
Place alors à Mozart, et à son bourreau des cœurs, Don Giovanni, dont l’ouverture lance officiellement la soirée. Ce premier souffle orchestral, entre drame et légèreté, trouve un écho dans l’œuvre centrale du programme : L’Empire des lumières. Avec cette création contemporaine pour piano et tuba, un duo aussi insolite qu’envoûtant, Raphaël Lucas sculpte une musique aux contours mouvants, inspirée de Magritte, Warhol et Schönberg. La pianiste lettone Olga Jegunova et le tubiste Thomas Leleu donnent vie à cette fresque sonore, parlant à cœur ouvert à travers leurs instruments, où les timbres s’entrelacent comme deux voix se cherchant dans le tumulte d’une fête. Le tumulte laisse place à des instants d’incertitude, des hésitations mélodiques qui traduisent l’errance, la quête de lumière. Crescendi, pizzicati effervescents et dissonances subtiles créent une atmosphère tantôt mystérieuse, tantôt incandescente, jusqu’à un finale en apothéose, comme une libération.
À cœur joie !
À la baguette, un autre Raphaël, Merlin cette fois, guide l’Orchestre de l’Opéra de Toulon avec un grand sourire, mettant du cœur à l’ouvrage avec une battue pétillante et complice. Si sa lecture de la création est rigoureuse, presque géométrique, il se fait aérien et dansant chez Mozart, esquissant du bout des bras un véritable ballet (on peut dire qu’il prend son travail très à cœur) ! Son énergie contagieuse culmine dans la Symphonie n° 38 « Prague » précise et homogène, clôturant le concert sur une effervescence joyeuse. Un dernier accord, une ultime résonance… et une salle en liesse qui s’en donne à cœur joie pour applaudir longuement le fruit du travail des artistes, au point de réclamer un bis (hélas non prévu).
Une soirée en chœur et en éclats, où la musique a su, une fois encore, rassembler et faire vibrer. Ça fait chaud au cœur !
