DISQUE – Pour fêter ses 15 ans, le chœur français Les Métaboles sort un nouvel album, Another Look, disponible depuis le 14 mars chez b•records. Un disque surprenant, qui met en lumière deux œuvres rares : Another Look at Harmony, Part IV de Philip Glass, et Canone a 16 all’unisono (un canon à 16 voix à l’unisson) du compositeur italien Andrea Basily. À première vue une rencontre improbable, et pourtant l’écriture répétitive qui traverse ces deux pièces crée un lien fascinant, presque hypnotique…
Enregistré en live à la Cité de la Voix de Vézelay le 11 janvier 2024, l’album représente bien la signature des Métaboles : un goût pour l’éclectisme, la mise en avant des compositeurs contemporains et les croisements esthétiques inattendus.
Un pied dans le passé, un autre dans le présent
Composée en 1975, Another Look at Harmony Part IV est une des œuvres annonciatrices de son style minimaliste. Écrite pour chœur et orgue, elle n’est pas religieuse pour autant mais s’inspire des sonorités du chant grégorien avec ses modes anciens et ses boucles obsédantes. Le chef et créateur Léo Warynski, qui connaît bien le travail de Glass (il a déjà dirigé Einstein on the Beach et Akhnaten), en livre ici une version lumineuse portée par 18 chanteurs talentueux. Il ne s’arrête d’ailleurs pas là : une version scénique de cette œuvre a vu le jour le 15 mai 2025 à La Filature de Mulhouse, dans une mise en scène signée Céline Diez et Clément Debailleul. Ajoutez à ça le Canone a 16 all’unisono d’Andrea Basily (1705-1777), enregistré pour la première fois au disque, et vous obtenez un programme qui fait dialoguer les époques. Une belle idée de programmation qui illustre une fois de plus, l’inventivité des Métaboles.

Hors du temps
Les chanteurs ne prononcent que des onomatopées, ou le nom des notes. Portés par une même pulsation, ils s’enchaînent les uns après les autres, rendant le moment quasi rituel. Leur précision, leur engagement et la réverbération naturelle de l’enregistrement renforcent encore cet effet hypnotique. Le timbre clair et la rigueur rythmique de Yoan Héreau à l’orgue se marient à merveille avec les voix.
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Les motifs répétés, qui se décalent légèrement, créent une sorte de vertige temporel, tout comme les micro-variations dans les enchaînements qui donnent à l’œuvre une qualité contemplative, comme si le temps lui-même se mettait à ralentir ou à se déformer. Même intensité dans le canon final de Basily, porté par un decrescendo sublime qui s’efface peu à peu jusqu’au silence, comme un moment suspendu.
Pourquoi on aime ?
- Parce que c’est beau et maîtrisé de bout en bout.
- Pour cette double découverte musicale, inattendue et inspirée.
C’est pour qui ?
- Pour les curieux, mélomanes ou non, en quête de sons nouveaux.
- Pour ceux qui aiment la musique vocale et n’ont pas encore découvert Les Métaboles.


Merci pour ce travail, c’est agréable à lire et très intéressant !
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