CONCERT – Philip Glass à la Chapelle de la Trinité de Lyon ! Avec l’Ensemble Dédalus, plongeons dans le labyrinthe minimaliste d’un artiste très à la mode dans le milieu underground français. Et avec un concert comme celui-là, on comprend pourquoi…
Nous voilà attirés par l’honorable ensemble Dédalus dans la Chapelle de la Trinité, à demi-jauge mais bien remplie. Pour notre grand plaisir, le public était plus mélangé qu’à l’accoutumée, les têtes grisonnantes, piliers du lieu, se mêlaient à celles qui l’étaient moins.
Le programme avait de quoi leur plaire : Dédalus interprétait le mythique Music with Changing Parts, composé en 1970 par Philip Glass. Emblématique du mouvement minimaliste, la partition laisse de nombreuses libertés aux interprètes, tant pour l’instrumentarium que pour la durée de la pièce en elle-même. Dédalus a choisi pour cette soirée deux saxophones, deux claviers, guitare, flûte, voix et vibraphone. Les musiciens de l’ensemble ont également pris le parti de nous faire revivre l’année de composition grâce à des choix vestimentaires amples et à carreaux qui feraient rougir de plaisir les hippies de Woodstock. Ou les Amish de l’Ohio…
Les petits ruisseaux…
On a plongé dans ce concert dès la première seconde, nous laissant entraîner par le flot continu des notes égrainées par les artistes. Comme les Danaïdes et leurs tonneaux, ils renouvellèrent sans cesse leurs efforts, entretenant le cours incessant de la musique de Philip Glass. De courts signaux, des signes de la tête, des mouvements clairs d’un instrument à l’autre, jalonnèrent cette fontaine musicale infinie, sans y faire barrage. Des vagues de synthétiseurs, de saxophones, de guitare formèrent de petites crêtes de houle, emportant l’écoute sur l’un ou l’autre de ces mouvements. Subtilement, la voix s’insinuait dans ces courbes, faisant corps avec les autres artistes du plateau comme un instrument de plus, apportant une légéreté et une douceur indéniables. Malheureusement, ce charmant filet peinait parfois à être au même volume que ses homologues instrumentistes dans cette baignoire acoustique qu’est la Chapelle de la Trinité.
Go with the flow
Difficile de ne pas fermer les yeux et de ne pas se laisser bercer par ces ondines vénérables, l’esprit quittant la rive des formes classiques et attendues. L’oreille se raccroche aux vagues de son, oubliant presque de quel instrument elles proviennent. Aucun silence ne vient perturber les marées montantes et descendantes. La rêverie s’allonge alors, intemporelle.
La fin en est d’autant plus impressionnante, claire, nette et précise, créant une sorte de bulle de cavitation intense dans l’attention du public. Celui-ci était apparemment ravi de cette soirée, des vivas dignes d’ado à un concert de Taylor Swift venant couvrir les applaudissements déjà sincères et généreux.
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On est finalement repartis de cette soirée apaisés, calmes et ébahis par cet horizon musical.

