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Le Soldat fait son cirque au Châtelet

THÉÂtre MUSICAL – Devant le théâtre du Châtelet, une dodoche fait des tours. Sur son toit, un haut-parleur géant, dont sort une voix saturée, qui fait la retape pour le cirque Stravinsky-Ramuz, comme à la belle époque des cirques ambulants. La troupe s’est installée là, du 19 au 29 juin 2025.

Approchez, approchez, Mesdames et messieurs, et vous aussi les enfants, venez voir l’incroyable, l’étonnante, la sanglante et terrifiante Histoire du Soldat de Ramuz et Stravinsky sous notre chapiteau du Théâtre du Châtelet, transformé pour l’occasion en véritable cirque !

Venez écouter cette histoire d’un simple soldat, piégé par le Diable, qui perdra son violon, son âme (ce qui revient au même) et sa bonne fortune, le tout condensé en un conte noir et sulfureux comme les flammes de l’enfer.

Venez découvrir cette oeuvre étrange et atypique, créée pendant la première guerre mondiale, quand Igor Stravinsky, réfugié en Suisse pour fuir la révolution bolchévique, fait la rencontre de l’écrivain et poète Charles-Ferdinand Ramuz, et qu’ils conçoivent ensemble cette « Musique de scène en forme de mélodrame » pour un effectif modeste (trois comédiens et sept instrumentistes) car, en temps de guerre, il fallait faire économe et léger.

© Thomas Amouroux

Venez explorer ce théâtre total, que Karelle Prugnaud, la metteuse en scène, a pensé comme une sorte de prolongement du projet de Stravinsky et Ramuz, en enrichissant sa vision grâce au monde magique du cirque, et en particulier en y intégrant l’univers désarticulé et aérien du Cirque Pré-O-Coupé.

Venez admirer les prouesses haletantes des circassiens de la troupe (Quentin Signori, Nikolaus Holz, Alexandra Poupin, Samantha Fois et Chiara Bagni), qui enchaînent sans sourciller les numéros de trapézistes, de jongleurs, d’équilibristes, de magiciens et même de clowns, donnant aussi à ce conte moral tiré d’une légende russe et du mythe de Faust revisité une dimension à la fois ludique et athlétique.

© Thomas Amouroux

Venez vibrer avec les interprètes Vladislav Galard (le lecteur), Nikolaus Holz (le Diable)  et Xavier Guelfi (le soldat) qui nous entraînent dans leur sillage grâce à leur jeu habité et leur diction claire, scandée avec précision par-dessus la musique, donnant à certaines scènes-clé (le retour au village, le jeu de cartes, la rencontre avec la Princesse malade) une dimension métaphysique évidente malgré une narration parfois un peu emphatique et appuyée.

Venez vous plonger dans les lumières crues et rasantes, et parfois aveuglantes, de Bertrand Killy, et dans la scénographie mobile et fluide de Pierre-André Weitz, qui fait glisser comme sur un nuage des immeubles mobiles et à moitié détruits qui semblent émerger d’une fin du monde annoncée, replaçant l’histoire à Marioupol, à Gaza ou à Varsovie en 1945, au choix…

Venez prêter l’oreille à cette musique étrange de Stravinsky, qui avec un effectif minimal réussit à planter une ambiance de fin du monde d’où émergent des rythmes obstinés et irréguliers des mouvements dansants comme un paso-doble, un ragtime, un tango ou encore une valse, où les clins d’oeil à Bach et aux chorals luthériens s’immiscent malicieusement dans une grammaire résolument moderne.

© Thomas Amouroux

Venez disséquer cette langue musicale étrange et entêtante où font irruption les traits vifs du violon de Clara Mesplé, de la clarinette d’Orane Pellon, du basson d’Eugénie Loiseau, du cornet à pistons d’Arthur Escriva tandis que la contrebasse de Chloé Patté, le trombone de Robinson Julien-Laferrière et les percussions de Pierre Tomasi tissent un arrière-plan dense, méticuleux et tragique, sous la baguette zélée et précise d’Alizé Lehon.

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Venez applaudir cette histoire tragique d’un soldat qui perd son âme et qui finira condamné à l’enfer pour l’éternité, comme l’a fait chaleureusement le public pourtant clairsemé de la première, et saluer cette belle réussite de mélange des genres et de mixité des styles assumée, entre le cabaret, le cirque, le théâtre musical et le théâtre d’ombres…

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