FESTIVAL – OFF d’Avignon, 40° à l’ombre, vous entrez au théâtre tout sourire. Un régisseur vous hèle dès l’entrée : « Bienvenue sur le tournage ! » Le tournage de la 127e saison de La Belle Hélène et les garçons, évidemment, par la compagnie Le Théâtre du Petit Monde. Mais êtes-vous vraiment prêts pour cette série chorale aux accents d’opérette et de sitcom vintage ?
1. Vous aimez les tubes lyriques réarrangés façon série télé ?
“Vers tes autels, Jupin…” devient “Vers tes studios, Vénus…”. Bienvenue chez Vénus Production, où l’on tourne une telenovela éternelle inspirée de l’Antiquité grecque et des codes d’Offenbach. Les paroles sont légèrement réécrites mais les airs sont intacts. Ça tombe bien, il n’y a QUE des tubes dans La Belle Hélène.
Le tout est interprété par dix artistes lyriques en pleine forme, drôles et survoltés, aussi bons chanteurs que comédiens. Et ça fait pas semblant de chanter, ça envoie ! Mylène Bourbeau, notamment, fait des étincelles en assistante réal désabusée, au suraigu redoutable.
👉 Si vous chantez dès la deuxième mesure : +1 point Offenbach
2. Vous aimez les spectacles-concepts où l’opéra devient un plateau de tournage ?
Ici, on tourne la nouvelle saison de La Belle Hélène. Hélène, star vieillissante, refuse de continuer à jouer avec Ménélas, devenu gros et « peu crédible ». On engage un jeune premier (Ryan, alias Pâris), on monte des plans pour virer Ménélas, on multiplie les quiproquos. Avec caméra, clap, décors carton-pâte, le clin d’œil est assumé à Hélène et les garçons.
👉 Si vous aimez les mises en abyme et les néons qui clignotent : +1 point série culte
3. Vous riez aux clichés… ou pas ?
Et là, ça se gâte. Mini-short, décolleté et talons pour l’assistante, blagues sur les bourrelets, grossophobie, tapes sur les fesses … Derrière les gags bien huilés, le spectacle recycle allègrement des stéréotypes usés sur les femmes et les corps, façon comédie de boulevard des années 80.
👉 Si vous avez levé les yeux au ciel : -1 point beauf assumé
4. Vous aimez quand le public est à fond ?
La salle ne boude pas son plaisir. Ça rigole, ça commente, ça fredonne tous les airs. Et quand résonne le générique culte “Hélène, elle s’appelle Hélène…”, ou l’indémodable « Je suis l’époux de la reine, poux de la reine », tout le monde y va de sa petite note.
👉 Si vous aimez les spectacles intergénérationnels : +1 point ambiance boomers
À lire également : Comment rater votre rencard en 5 leçons (inspirées de L’Élixir d’amour à l’Opéra de Nancy)
5. Vous croyez qu’on peut démocratiser l’opéra sans l’abîmer ?
C’est tout l’enjeu. L’idée était séduisante : croiser une opérette culte et une série TV cheap, réconcilier générations, rire des travers du showbiz, chanter Offenbach pour tous. Mais parfois, sous couvert d’humour, on flirte avec le daté. Dommage, car musicalement, l’équipe avait de quoi faire un carton.
👉 Si vous rêvez d’un opéra drôle et affûté : +2 points futur de l’art lyrique
Résultats :
Majorité Offenbach : Vous aimez le rythme, les voix, les tubes. Vous êtes venus pour chanter ! Les voix des chanteurs et chanteuses du spectacle vont vous régaler les oreilles et le cœur !
Majorité Hélène et les garçons : Vous aimez le rire sans prise de tête, la nostalgie, les caméras en plastique et les gags éculés : installez-vous avec mamie sur le canapé, débranchez votre cerveau et régalez vous de cette ambiance so clichés années 90.
Majorité critique mais joyeuse : Vous adorez qu’on tente autre chose, mais vous préférez les révolutions artistiques aux rediffusions gênantes. Dommage pour cette fois !

