COMPTE-RENDU – À l’Opéra national de Lorraine, L’Élixir d’amour de Donizetti fait éclater de bonheur la salle entière. Maïs, souffleuse à feuilles et Tinder rustique : la mise en scène festive de David Lescot et la direction musicale pétillante de Chloé Dufresne offrent un pop-corn d’émotions et de rires. De quoi inspirer une liste des pires conseils de drague à éviter… absolument.
Conseil foireux n°1 : Se méfier de l’amour pour être heureux
Dès l’ouverture, on entend derrière le rideau les artistes du chœur éclater de rires. Exclamations, clins d’œil au public : à la ferme agricole-gipsy (scénographie très réussie d’Alwyne de Dardel), au milieu des épis de maïs et des tapis roulants, c’est ambiance pop-corn géant. Les artistes du chœur, habillés des costumes éclatants de Mariane Delayre, chantent que pour être heureux, mieux vaut se tenir loin de l’amour… Sérieux ? À voir leurs danses effrénées et leur joie explosive, on a surtout envie de plonger dans le grand bain des sentiments nous aussi.

Conseil foireux n°2 : Boire un Bordeaux et déclarer sa flamme (avec une souffleuse à feuilles)
Nemorino, pauvre cœur tendre (Matteo Desole, bouleversant de sincérité), croit dur comme fer au pouvoir magique du « philtre d’amour » vendu par Dulcamara (spoiler : c’est juste du Bordeaux). Résultat : il drague Adina avec… une souffleuse à feuilles. Oui, vraiment. Si vous voulez saboter votre prochain rencard, n’hésitez pas : un petit coup de rouge et hop, improvisez un one-man-show agricole, ce sera en tous cas hilarant pour votre public !
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Conseil foireux n°3 : Assiéger une femme comme on assiège un village
Belcore (Mikhail Timoshenko, voix éclatante, jeu irrésistible) arrive en soldat triomphal, ses hommes à la botte, prêt à dégainer son bouquet de fleurs (ou son arme, selon la situation). Pour lui, l’amour, c’est une opération militaire : on occupe, on assiège, on contraint. Si vous voulez voir votre crush fuir à toutes jambes, suivez son exemple : foncez droit devant sans écouter, tout en proclamant vos victoires.

Conseil foireux n°4 : Croire au miracle d’un charlatan sur vélo
Dulcamara (hilarant Patrick Bolleire, à la voix large et chaleureuse) déboule à vélo, tractant sa mini-caravane bringuebalante. En camelot professionnel, il vend son élixir d’amour (comprendre : pinard) avec des mimiques géniales, des roulements d’yeux, et une tchatche infernale qui font rire toute la salle. La mise en scène de David Lescot, ultra précise et rythmée, colle au millimètre près aux accents de la musique. Chaque gag, chaque clin d’œil, est pensé comme une note de partition. On aurait envie de revenir plusieurs fois tant la scène regorge de détails savoureux.
Conseil foireux n°5 : Rendre jaloux à coups de Tinder
Lors du bal de mariage guinguette sous les lumières colorées, devant le silo à grain devenu boîte de nuit, Nemorino tente une technique de drague radicale : pour rendre Adina jalouse, il « swipe » ostensiblement ses « matchs » sur son téléphone. Envie de reproduire ce coup de maître ? Attention : votre crush risque surtout de rire, comme toute la salle l’a fait ce soir-là.
Le SEUL vrai bon conseil : Chanter votre amour sous la lune
Et puis vient « Una furtiva lagrima ». Matteo Desole, seul sous la pleine lune et les étoiles, fait taire toute la salle : voix souple, tendresse vibrante, émotion pure. Rocío Pérez, dans l’ensemble de la soirée, enchante avec sa voix légère, agile et lumineuse, et un jeu plein de grâce et de piquant. Son Adina, libre et effervescente, est irrésistible jusque dans sa déclaration finale. Pas d’esbroufe, pas d’effets spéciaux : juste deux cœurs sur une scène. Moralité : si vous voulez vraiment toucher un cœur, oubliez les faux élixirs, les déguisements et les match Tinder. Offrez votre voix. Offrez votre émotion et toute votre âme !

Conclusion : Coup de Foudre réussi à Nancy !
Sous la baguette vivifiante de Chloé Dufresne, David Lescot signe une mise en scène où chaque geste épouse la musique avec une précision jubilatoire. Ce soir-là, à l’Opéra de Nancy, pas besoin d’élixir magique : entre pop-corn d’émotions et éclats de rire, mon rencard avec l’opéra était tout simplement réussi. En sortant, la lune brillait sur la place Stanislas, et franchement, difficile de ne pas avoir envie… de tomber amoureuse.


