AccueilA la UneDanses et chants d’Arménie aux Rencontres musicales de Vézelay

Danses et chants d’Arménie aux Rencontres musicales de Vézelay

COMPTE-RENDU – Eva Zaïcik ouvre avec David Haroutunian au violon et Xénia Maliarevitch au piano la vingt-cinquième édition des Rencontres musicales de Vézelay par un hommage à l’héritage arménien à travers la figure de mayrig, la mère. 

David Haroutunian, Xénia Maliarevitch, Eva Zaïcik (© Vincent Arbelet)
L’Arménie, terre mélancolique 

Au sein de l’église collégiale d’Avallon, les couleurs mélancoliques des chants arméniens se marient à celles des fresques médiévales du lieu. Hommage au monde arménien, à sa nature, ses traditions et son histoire, le concert se construit autour de mayrig, մայրիկ, la « petite mère », dont Eva Zaïcik chantera une berceuse populaire du même nom. Du programme, on reconnaîtra également les noms des grands compositeurs arméniens, d’Aram Khatchatourian à Komitas, considéré comme le « sauveur » de la musique arménienne. En effet, le poète avait couché sur papier nombre de mélodies populaires dont il s’inspira d’ailleurs pour ses propres compositions, les sauvegardant ainsi du génocide. De Komitas, le violoniste David Haroutunian et la pianiste Xénia Maliarevitch interprètent quelques danses folkloriques comme Kaqavik ou Shushiki. Quant à Khatchatourian, sera joué notamment le Chant-poème en l’honneur des Ashougs, les bardes arméniens. Parfois amer, voire aigre, le violon symbolise les déchirures du pays, rappelant pourtant également certains inaliénables moments de joie. Cela dit, on sent malgré tant d’émotion une certaine retenue chez Haroutunian, dans ces danses dont on aurait aimé les sentir plus vivantes, plus entraînantes. Côté piano, on apprécie la présence et la fermeté du jeu de Xénia Maliarevitch. Toutefois, on regrettera son côté haché, brusquant malgré elle la musique. 

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Mayrig, ou renaître dans la musique  

Finalement, l’émotion musicale fleurit surtout dans la voix chaleureuse d’Eva Zaïcik, dont le timbre doré inonde l’église de ses lumières. Soutenu par l’écho de la basilique, le chant se déverse en cascade depuis le chœur, naturel, fluide, sans effort. Avec beauté, il goûte les multiples vocalises fondées sur le mot vai վա՛յ, expression mélancolique d’une lamentation. Puissante autant que souple, la voix s’empare avec aisance des rythmes orientaux plus classiques que l’on retrouve dans Hoy Nazan, Ըո՛յ Նա՛զան, ou Shogher Jan, Շողե՛ր ջան. Accompagnée du piano, dont les notes minimalistes tombent comme des gouttes de pluie, la chanteuse savoure également l’air de Hakob Aghabab Djan ! Oh la lune ! Ջա՛ն, ա՛յ լուսին, qui n’est pas sans rappeler les Chansons madécasses de Ravel. La Petite suite nuptiale de Garbis Aprikian s’accorde moins avec le timbre et la façon de chanter de la mezzo. Enfin, une dernière berceuse arménienne vient clore en bis le concert, rappelant le fil rouge de ce programme, la mère, à la fois figure de nostalgie et de renaissance musicale du pays. 

David Haroutunian, Xénia Maliarevitch, Eva Zaïcik (© Vincent Arbelet)
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