FESTIVAL – Après Martha Argerich et Arielle Beck, programmées un peu plus tôt cet été aux Variations Musicales de Tannay, c’est au tour de Yulianna Avdeeva de faire rayonner le piano au féminin.
Seule lauréate du prestigieux Concours Chopin depuis Martha Argerich justement, la pianiste russe nous propose un programme autour du genre du Prélude à travers deux recueils composés à un siècle d’intervalle : ceux de Chostakovitch et ceux de Chopin. Deux univers plus que contrastés, mais qui se rejoignent autour d’une inspiration commune : Bach. Avec la même simplicité de geste qui dissimule une grande virtuosité, Yulianna Avdeeva renvoie l’auditoire aux origines, au maître Bach, et à cette philosophie que ses héritiers continuent de défendre : l’évidence comme ultime raffinement.
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Le prélude a séduit nombre de compositeurs. Conçu à l’origine comme un exercice – une pièce en 24 tonalités destinée à échauffer le musicien – c’est à partir du XIXe siècle que Chopin lui reconnaît une dimension nouvelle : poétique, intime et affranchie de tout rôle utilitaire.

Préludes en-chantés
Et c’est avec Chopin que Yulianna Avdeeva poursuit son chemin, en courts récits intimes, d’émotion en émotion : tantôt vive, tantôt recueillie, toujours d’une grande justesse expressive. La pianiste déploie un son limpide, poétique et raffiné, fidèle à l’élégance chantante que Chopin admirait chez certaines cantatrices italiennes de son époque.
Prélude au prélude
Avant cela, des Préludes de Chostakovitch installent une intensité rare, une variété également : sensible, rêveuse, presque méditative. Dans une sobriété presque naturelle, la pianiste en restitue toute la subtilité, bannissant tout geste superflu pour ne laisser place qu’à la musique. Son jeu séduit par la clarté de son articulation, sa virtuosité discrète mais sûre et son aisance, jusque dans les tempi les plus rapides. Solennelle, elle demeure dans une intériorité absolue que rien ne semble pouvoir troubler.
Le public, conquis, salue longuement la pianiste, comblé d’avoir pu entendre en bis une interprétation lumineuse de la Valse n°5 op. 42 de Chopin.


