PORTRAIT – Le chef d’orchestre Leonardo Garcia Alarcón vient pour la première fois au festival de musique classique. Rencontre.
Il s’appelle Leonardo, il a 38 ans, il est brillant, il vient de l’autre côté de l’Atlantique et il est une star… dans la musique baroque ! « Bien sûr que je connais le festival de Saintes, s’enthousiasme Leonardo Garcia Alarcón, notamment à travers le travail de Philippe Herreweghe et du Huelgas Ensemble. J’ai déjà joué à Saintes en 2010 mais au théâtre. Ce soir sera ma première à l’Abbaye, avec le public du festival… c’est formidable ».
L’homme a gardé de ses origines argentines un caractère jovial et une petite pointe d’accent. Depuis son arrivée sur notre continent, en 1997 à Genève, le jeune chef a fait une ascension fulgurante. A son interprétation analytique du répertoire baroque de l’Europe du Sud, il a associé quelques géniales redécouvertes, comme « Il diluvio universale », la partition qu’il dirigera ce soir à l’Abbaye aux Dames à la tête du Chœur de chambre de Namur et de son ensemble La cappella Mediterranea.
« En 2010 à Ambronay, à la re-création de cette oeuvre du sicilien Michelangelo Falvetti, nous pensions la jouer une fois, s’amuse Leonardo Garcia Alarcón. Ce fut un tel choc pour le public que nous l’avons reprise des dizaines de fois et des dates sont prévues jusqu’en 2018 ! » Un choc ? « Un déluge d’émotions » précise le chef, fort à propos puisque la partition raconte le célèbre épisode biblique.
Le presque inconnu Falvetti y déploie un art génial de l’illustration sonore, sorte de compositeur de musique classique avant l’heure. « Il fait interrompre l’orchestre d’un coup pour incarner par le silence la justice divine venue punir les hommes, raconte Leonardo. Dieu convoque les quatre éléments pour savoir lequel devra éliminer l’humanité. Falvetti compose un extraordinaire air de colère à cinq voix. L’eau gagne. Quand les vagues déferlent, on les entend et même on les voit sur la partition, miraculeux ! L’émotion vient de cette succession de pièces. »
Falvetti semble également posséder un fort sens de d’humour : quand la mort a frappé, épargnant Noé, sa famille et les animaux, l’orchestre joue une tarentelle, une danse populaire que les habitants de Sicile, terre de chansons, ne pouvaient manquer de reconnaître. Sans compter que l’île du Sud de l’Italie est habituée aux tempêtes et tremblements de terre. Bref, ce soir, on va rire, pleurer, trembler, respirer.
Comme un Jordi Savall ou René Jacobs, Leonardo marche dans les pas des grands musiciens qui ont redécouvert la musique baroque dans les années 1970, au festival de Saintes notamment. Le nouvel Philippe Herreweghe ? « C’est un beau compliment, répond l’intéressé. Je l’admire beaucoup et c’est lui qui m’a amené vers Bach, en Argentine. Je lui ai écrit pour lui dire toute mon admiration. Aujourd’hui j’ai le même agent d’artiste que lui ! ».
Concert 19 h 30 Abbatiale. De 8 à 48 €. 05 46 97 48 48. Conférence d’introduction à 18 h 30. Salle F. de Foix. Gratuit. Article paru dans Sud Ouest Charente Maritime du 14 juillet 2014. © Bertrand Pichène.
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