COMPTE-RENDU – Le prestigieux festival Jazz in Marciac a encore relevé cette année le pari de l’ambition. Retour sur deux concerts fabuleux, dimanche 1er et lundi 2 août, à l’Astrada, mythique salle de spectacle qui fête cette année ses dix ans.
Avishai Cohen : un enthousiasme saisissant
Musicien-compositeur talentueux, Avishai Cohen a montré encore une fois l’étendue de son talent et celui de son groupe. Le projet Big Vicious utilise des sections rythmiques en miroir (basses, batteries) sur lesquelles se superposent les mélodies improvisées d’Avishai Cohen himself et d’autres compositeurs… Sa reprise de la Sonate pour piano dit Clair de lune de Beethoven est une réussite totale et mêle avec perfection les univers classiques et jazz. L’ensemble tient sur la précision rythmique et mélodique et sur l’impressionnante capacité d’improvisation des musiciens.
La soirée fait des heureux : les musiciens, heureux d’être sur scène et les spectateurs, heureux d’assister à un tel concert. Les moments les plus appréciés sont sans doute les passages entièrement improvisés : des duels entre les deux batteurs Aviv Cohen et Ziv Ravitz (d’une qualité et complexité remarquable) et les deux guitaristes Yonatan Albalak et Uzi Ramirez.
Cet enthousiasme dure jusqu’à la toute fin du concert. Après une improvisation de plusieurs minutes d’Avishai Cohen à la trompette, le groupe reprend ensemble et met de nouveau l’ambiance. Dans la salle, c’est une ovation immédiate qui mène le groupe à revenir des coulisses pour jouer de nouveau.
LIRE ÉGALEMENT : « Festival : la musique de chambre tient Salon »
Airelle Besson : entre pureté et délicatesse
Lundi 4 août, le concert d’Airelle Besson était attendu par nombre de spectateurs. Trompettiste française au succès établi, révélation aux Victoires du jazz en 2015, elle attendait aussi ce moment : « C’est un réel plaisir de pouvoir enfin remonter sur scène, un plaisir qui commençait à manquer depuis quelques mois », détaille la trompettiste à la fin de son concert. La césure forcée par la crise sanitaire a été l’occasion tout de même, de se consacrer exclusivement à la composition. Des œuvres personnelles et des commandes, notamment une de l’Arsenal de Metz. En quartet, Airelle Besson a interprété ce soir-là son dernier album Try et une composition en exclusivité.
Ambiance suspendue
Le fond sonore établi par le piano (Fender Rhodes, synthé basse ou synthé modulaire) de Benjamin Moussay, la précision rythmique, fruit du talent incontestable du batteur Fabrice Moreau et la beauté des mélodies entre Airelle Besson et Isabel Sörling à la voix, sensibilisent la partition et mélangent douceur et puissance.
Une des particularités de Try est la recherche d’un son nouveau. À travers des procédés d’amplifications, des jeux d’harmoniques et une amélioration des techniques de jeu, Airelle Besson réussit à faire entendre des sons inhabituels (notamment des sifflements) et le mélange avec les pupitres créé un ensemble de nouvelles nappes sonores.
La fin du concert est également exceptionnelle. Après une ovation et un bis classique, Airelle Besson et son groupe sont retournés sur scène pour interpréter deux compositions, dont une en exclusivité.