PATRIMOINE – Les Rencontres clés veulent ouvrir les portes des hôtels de luxe pour y attirer un nouveau public, peu adepte de musique classique. Un pari audacieux relevé par le violoniste David Grimal qui en assume la direction artistique.
Il fallait une rencontre pour faire naître une idée pareille, celle entre David Grimal et Xavier Alberti. Le premier possède un parcours musical international et est le directeur artistique de l’ensemble Les Dissonances. Le second est un entrepreneur « engagé », directeur d’un groupe de luxe et membre du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes.
On ne les attendait pas ensemble et les voilà qui proposent un projet audacieux : ouvrir les portes d’hôtels 5 étoiles à tous les publics pour des concerts entre jeunes musiciens et leurs aînés.
Fougue et tempérament autour des années folles
La première date des Rencontres clés a réuni Philippe Cassard et Anne Gastinel autour de Schubert. La seconde a eu lieu du 13 au 15 mai, à Augerville-la-Rivière (Essonne), 4 km² et 230 habitants. Luxe, calme et… golf donne le ton, autour du château-hôtel. A l’affiche, David Grimal et la pianiste Marie-Josèphe Jude, entourés de jeunes interprètes (Charles Heisser, né en 1998, Elise Bertrand, née en 2000) dans un programme « Années folles ».
Avec quatre concerts en un week-end, les musiciens n’ont pas chômé. Et le cadre Belle au bois dormant n’a pas brimé la fougue du quatuor Hermès dans le Quintette pour piano et cordes de César Franck.
« Décloisonner les pratiques »
L’initiative peut toutefois étonner. David Grimal a lancé L’Autre Saison, une programmation artistique pour et avec les sans-abri, qui se tient une fois par mois dans l’église Saint-Leu-Saint-Gilles (Paris).
Quel est le lien avec les Rencontres clés ? « L’horizontalité, la volonté de décloisonner les pratiques et de partager des savoirs, répond l’intéressé. Avec une exigence artistique comme ligne directrice, toujours ancrée dans l’idéal que la musique soit en lien avec la société. Cela donne l’occasion d’avoir un autre rapport avec le territoire quand on vient dans le 5 étoiles de son village écouter une musique qu’on ne connait pas. »
Marqué par le choix politique de classer la culture comme « non essentielle », et la progression des extrêmes, le violoniste considère au contraire que la culture, « c’est la capacité à avoir du lien » et que jouer de la musique classique est « un acte de résistance ».
Amener les écoliers au concert
A chaque rencontre, une centaine d’enfants vient assister à la répétition du vendredi après-midi. « Le but est de dédramatiser la relation à la musique, de présenter les œuvres et d’allumer une lueur dans les yeux des enfants, explique David Grimal. C’est une rencontre qui leur est dédiée, avec un rythme adapté à leur âge, une ‘clé d’écoute’ avec une grande proximité avec les artistes qui peut laisser un souvenir incroyable. » Et faire naître, pourquoi pas, le désir d’en écouter plus.