CONCERT – A l’occasion du festival Manifeste 2022, l’Ensemble intercontemporain se produit en concert, vendredi 17 juin, à la Cité de la musique. Accompagnée du chœur Aedes, l’émérite formation instrumentale dédiée à la création musicale laisse place aux œuvres vocales.
La voix est l’instrument le plus universel. Même la plus complexe des constructions sonores, la plus profonde des réflexions, touchent facilement nos oreilles et notre esprit quand la voix s’en mêle. Johann Sebastian Bach l’avait bien compris et a signé plusieurs centaines de cantates, la mise en musique d’un texte étant le moyen idéal pour faire passer le message biblique.
J.S. Bach, le plus moderne des anciens
Cantates : c’est le titre choisi par l’Ensemble intercontemporain pour son concert du vendredi 17 juin à la Cité de la musique à Paris, dans le cadre du festival Manifeste 2022. En s’associant avec le groupe vocal Aedes, les solistes de l’EIC dirigés par Matthias Pintscher vont permettre au public d’entendre des partitions exceptionnelles.
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Les dernières pièces de Webern
À commencer par les deux Cantates Op. 29 et 31 de Anton Webern (1883-1945). Dernières œuvres composées par l’Autrichien, elles sont très rarement jouées en raison des effectifs requis : deux chanteurs (la soprano Sofia Burgos et la basse Hanno Müller-Brachmann), un chœur mixte et un orchestre.
Aux côtés de l’Ensemble intercontemporain et du chœur Aedes, s’ajoutera l’Orchestre de chambre de Paris. Ces deux cantates sont une véritable synthèse de l’art de Webern : chant en canons et en symétries, sonorités inventives, utilisation de la poésie (celle de la poétesse Hildegard Jone), clin d’œil à la polyphonie du XVIe siècle et à l’art de la fugue de Bach.
Car Webern est un fou de Bach. Il a réalisé une orchestration du Ricercar, la fameuse Fugue à six voix extraite de l’Offrande musicale, chef d’œuvre de Bach. Cette version sera aussi au programme du concert de l’Ensemble intercontemporain. Comme la Passacaille pour Tokyo de Philippe Manoury qui utilise le même principe de « recyclage » à l’infini d’un motif initial, ici joué par le piano.
Un nouvel air de printemps
La voix revient dans la dernière pièce du programme, une création de l’Autrichien Johannes Maria Staud. Once Anything Might Have Happened est une nouvelle œuvre pour voix, ensemble et électronique qui se veut un voyage « vers d’étranges paysages sonores ».
Le compositeur âge de 47 ans s’est inspiré d’un poème du recueil Spring and All (Le printemps et le reste) que William Carlos Williams (1883-1963) a publié en 1922. Les textes du poète américain ont été par deux fois mis en musique : par Steve Reich en 1983 et Elliott Carter en 2003. Ce recueil mêle la poésie avec des réflexions esthétiques et politiques, explique le compositeur. C’est un objet curieux. C’est évidemment un chef-d’œuvre du modernisme américain qui puise parfois dans le surréalisme comme cette histoire de meubles cannibales (In My Life the Furniture Eats Me) ! »