DANSE – La danse peut-elle être enfermée ? Le chorégraphe et danseur Thomas Guerry soumet cette question lors d’un huis-clos mouvementé entre danse, théâtre et cinéma. Proposée avec sa compagnie pluridisciplinaire Arcosm, sa pièce L’hôtel Bellevue se donne actuellement à Chaillot.
Dans une salle remplie d’enfants – un mercredi après-midi – un homme arrive sur scène et commence à écrire une histoire. « Il était une fois » résonne dans un audio – un peu trop fort. Le scénariste interpelle à la manière de Gauguin, d’où l’on vient et où l’on va.
La vidéo ouvre les portes
Parallèlement, sur un écran fusionné au décor, la silhouette du tenancier apparaît comme un hors champs, ou l’illustration de l’imaginaire. La scène s’illumine, les quatre clients de l’hôtel arrivent. Leur caractère s’exprime dans leur démarche, leurs pas, leurs pirouettes. Leurs mouvements d’articulations ont une saveur toute particulière. Chacun, incarné par son personnage bouge genoux, bassin, coudes et épaules de manière distincte.
Une à deux caméras sur scène filment des gros plans projetés sur l’écran, qui alternent avec des images préenregistrées. Tout au long de la pièce, l’alternance est bien travaillée, le rendu très esthétique et pertinent, les cadrages parfois poétiques, parfois absurdes, tout comme cette création hybride de 50 minutes, qui oscille entre charme et burlesque. L’équipe des deux frères, Thomas et Bertrand Guerry, le chorégraphe et le réalisateur, décloisonne l’Art en brisant les frontières au sein du spectacle vivant.
Un rythme trans-cendant
La musique de Sébastien Blanchon nous entraîne tout au long de l’histoire avec dynamisme, suspens, apesanteur et cycle hypnotique. Spontanément, les enfants frappent parfois dans leurs mains en rythme, immergeant encore plus dans l’univers fermé de la pièce. Les clients de l’hôtel, séquestrés par le tenancier, se mettent à danser en groupe, à coordonner leurs gestes. L’élément déclencheur de la porte bloquée nous invite à réfléchir sur la relation aux autres, prenant encore davantage d’ampleur lorsque la salle s’unit en rythme.
Une belle énergie se dégage de la scène et nous passons un moment très sympathique. C’est ce qu’on retiendra de cette pièce ciné-chorégraphique. La danse, finalement pas à sa plénitude, laisse une place intéressante au travail de la vidéo.