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3 questions à : Kimball Gallagher

INTERVIEW – Le pianiste américain Kimball Gallagher est un artiste engagé, humaniste et généreux. Avec son projet 88 (comme le nombre de touches d’un piano), il parcourt le globe, afin de répondre aux problèmes éducatifs et sociaux par la musique et ses effets. Lundi 12 juin, il donnera un concert exceptionnel Salle Gaveau (Paris). Profitant de son séjour parisien, nous lui avons posé quelques questions (3 en fait…).

Questions auxquelles il a répondu dans un Français impeccable, appris, nous a-t-il dit, lors de ses nombreux séjours en Tunisie, pour installer et développer son projet Tunisia88.

D’où vous est venue l’idée de développer l’ONG 88 International ?

KG : « En fait, quand j’avais 23 ans, j’étudiais à la Juilliard School, à New York, et je voulais m’acheter un piano. Pour cela, j’ai organisé des concerts de levée de fonds. Il faut voir que c’était en 2003, avant le crowdfunding sur le Net. Et ça a marché ! Ensuite, j’ai organisé le 88 Concerts Tour : une tournée de 88 concerts dans des maisons privées, car j’avais constaté que beaucoup de gens avaient de beaux pianos qui étaient peu utilisés. De fil en aiguille, il y a eu 350 concerts dans 30 pays sur 7 continents ! C’était vraiment un effet boule de neige. Les gens s’en parlaient entre eux, disaient « Ah mais je connais cette personne, elle a un piano ». Ou bien, « il y a ce théâtre qui a un beau piano qui ne sert pas souvent », etc. J’ai été comme ça en Afghanistan, en Tunisie, en Egypte, tout ça au moment des printemps arabes, au Pakistan, en Inde, en Birmanie… Et j’allais aussi dans les écoles, pour donner des cours et des master-class. Alors, peu à peu, l’idée d’un projet éducatif par la musique a germé : celui de programmes à grande échelle pour répondre aux besoins de la société. On a démarré avec la Tunisie, en ravivant les clubs de musique périscolaires dans les lycées, avec un encadrement juridique.

Comment ça s’est passé, pour Tunisia88 ?

En fait, on s’est appuyé sur l’existant pour développer notre action. En Tunisie, il y a 592 lycées, avec un club de musique dans chaque lycée, chaque club étant géré par des lycéens. Nous avons obtenu un financement d’1,7 millions d’euros pour développer notre action, notamment de la part de la BEI (Banque Européenne d’Investissement) et du ministères des Affaires étrangères allemand. À présent, chaque club fonctionne avec un budget annuel à 100 000 euros par an, supportés à 60% localement, et le tout est géré par 60 étudiants qui sont d’anciens membres de ces clubs lycéens.

© Abdel Belhadi
Pourquoi ce concert salle Gaveau, le 12 juin ?

En raison du contexte sanitaire lié au Covid, ça fait longtemps que je n’ai pas fait de grand concert, et ça me manque ! C’est aussi le bon moment pour exposer là où en est notre action, et pour parler de ses prolongements, au Sénégal notamment. C’est ce que je vais expliquer, musicalement et avec des amis musiciens sur scène, lundi 12 juin dans la belle salle Gaveau, à Paris. Au programme, Mozart, Chopin, mais aussi du nay tunisien, des chants en dialecte tunisien, de la kora sénégalaise, du chant wolof et des rythmes afghans.

Par mon action, j’essaie de maintenir une bonne balance entre l’artiste et l’entrepreneur, pour une cause qui me tient à cœur. Je me sens assez ambassadeur de l’action artistique citoyenne ! »

Pour réserver des places pour le concert du 12 juin, c’est ici : concert Kimball Gallagher, 12 juin, salle Gaveau

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