AccueilA la UneTrans-symphonie à Bucarest

Trans-symphonie à Bucarest

CONCERT – L’Orchestre philharmonique de Cluj-Napoca ouvre la série de concerts des orchestres roumains au Festival Enescu de Bucarest, avec le jeune Andrei Gologan au piano et Jonathon Heyward à la baguette. 

Roumanie symphonique

Le Festival Enescu de Bucarest essaie d’attirer une large variété de public avec ses différentes séries de concerts, investies dans nombreuses et belles salles de concerts de la capitale roumaine. Le Festival tâche de promouvoir non seulement les beautés architecturales de sa ville, mais aussi de présenter au monde les Orchestres roumains dans la Salle de la Radio. On y retrouve ainsi trois effectifs de Bucarest, les orchestres de Sibiu (Transylvanie), de Timișoara (région de Banat), de Bacau (Moldavie roumaine), et les phalanges des minorités ethniques présentes dans le pays : l’Orchestre philharmonique moldave de Iași et l’Orchestre de l’Opéra hongrois de Cluj-Napoca. 

Sur les ondes de Transylvanie 

Cette série est pourtant ouverte par l’Orchestre symphonique de Cluj-Napoca, la capitale de Transylvanie. Mentionnons également que cette initiative du festival est à double sens : les orchestres arrivent à Bucarest, tandis qu’une sélection de programme part en tournée dans d’autres villes du pays, dont Brașov (le fief du comte Vlad III l’Empaleur, surnommé Drăculea). Le lieu symbolique pour ces rencontres est la somptueuse Salle de la Radio, institution présente dans tout le pays, et fidèle à la musique classique. L’Orchestre joue entre autres la Première symphonie de Chostakovitch, une œuvre de jeunesse (écrit en 1925 pour son diplôme du conservatoire) et rarement donnée en concert, d’un compositeur qui inscrira son nom dans l’Histoire grâce aux dons de la technologie radiophonique pendant la Bataille de Léningrad. Le chef américain Jonathon Heyward établit un dialogue fluide et harmonieux entre les sections, avec un bon entrain rythmique des cordes (le pizzicato précis et sonore) et du piano (avec son rôle percussionniste), très emblématique du style du compositeur. La flûte se démarque par un phrasé succulent, violoncelle et clarinette étant mélodieux et agiles dans leurs solos respectifs. Ils terminent la soirée triomphalement en un crescendo orchestral galopant et retentissant. 

L’écume des jours
Doina Rotaru ©DR

La pièce qui ouvre le bal est Nymphaea, une œuvre symphonique composée en 2019 par la doyenne de la musique contemporaine roumaine, Doina Rotaru. Sa création est inspirée du roman de Boris Vian, L’écume des jours (publié en 1947), et naturellement présente une note de jazz, merveilleusement agencée et en hommage à l’écrivain trompettiste. Les cuivres donc entonnent des harmonies jazz mais plutôt comme connotation et non pas dénotation : la stridence des cordes, passages glissants, clusters et autres dissonances s’y mêlent pour nous plonger dans l’univers sonore de la compositrice. L’exploration des harmoniques, les effets de percussions, les extrémités de registres sont interprétées avec précision chirurgicale et richesse tonale. Quelques passages mélodieux se présentent à occasion, avec la tendresse des vents boisés, tandis qu’un crescendo des cuivres et des tympans d’orchestre percent les tympans de nos oreilles. 

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Jeunesse pianistique 

Jeune espoir roumain, le pianiste Andrei Gologan interprète le (seul) Concerto pour piano de Benjamin Britten. D’un geste léger, il attaque élégamment cette partition qui regorge d’exigences techniques, notamment au 1er acte, qu’il joue avec brio et excellence. Il parcourt ses gammes et arpèges mieux qu’un Aristochat, en symbiose rythmique avec l’orchestre. Sa cadence, pleine de virtuosité, manifeste un grand talent : maîtrise de pédale, phrasé souple et chaleureux, son doux et cristallin. Il peint vigoureusement la dentelle harmonique modale et la toile rythmique qui devient de plus en plus complexe, avec les déplacements d’accents métriques. Sa précision et le bon dialogue avec les musiciens va crescendo vers un final puissant et remarquable.

Andrei Gologan (© Alex Damian)

Toute la salle de la Radio roumaine, modestement remplie pour un tel événement, applaudit fortement l’ensemble des artistes, musiciens, solistes, chef d’orchestre et la compositrice. 

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