COMPTE-RENDU – L’Orchestre National Avignon-Provence présente un concert ensorcelant à l’Opéra Grand Avignon, intitulé « Le charme français », empli de l’élégance et de la virtuosité que porte et qu’exige le répertoire français des années 1880-1920. Le concert est dirigé par la cheffe Mélisse Brunet, accompagnée par le violoncelliste Xavier Phillips.
Du charme et pas qu’un peu
La bonne cuisine, la mode et la belle architecture ne sont que quelques symboles du savoir-faire de la France reconnu dans le monde entier. Car il ne faudrait surtout pas négliger la musique française. Si nul n’est prophète en son pays, il faut aussi savoir reconnaître ses propres qualités (sans avoir peur de voir enfler ses chevilles). C’est ce que nous rappelle l’Orchestre National Avignon-Provence avec son concert “Le Charme français”, invitant à faire un petit tour (de France) via les œuvres de certains des compositeurs français les plus remarquables dans l’histoire de la musique, incluant une compositrice qui aurait, sans doute, mérité de voir son nom inscrit plus haut et plus grand dans l’histoire artistique.
Un programme de tombeurs
Le programme de la soirée nous fait remonter le temps jusqu’aux années 1880-1920, d’abord au beau milieu de la nuit à contempler le Clair de lune de Debussy en version orchestrale. Debussy cède ensuite la place à Fauré (centenaire oblige), à l’écriture mélancolique de l’Élégie pour violoncelle et, en contraste avec cette dernière, aux joyeux Masques et Bergamasques. Maurice Ravel vient également ajouter son grain de sel à cette rencontre des grands de la musique française avec une note plus fantastique et enfantine (Ma Mère l’Oye). Les contemporains de Camille Saint-Saëns, Henri Duparc, Jules Massenet et César Franck sont également réunis avec la compositrice, pianiste, pédagogue Marie Jaëll, par son Concerto pour violoncelle.
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French kiss musical
Le charme français est tout sauf superficiel, et il se fait ce soir encore substantiel. La cheffe Mélisse Brunet dirige l’Orchestre National Avignon-Provence avec des gestes ronds et précis dans une première partie, puis des gestes fermes et passionnés pour le reste du concert. Sous sa direction, la phalange se lance ainsi directement à la conquête du cœur des spectateurs avec une interprétation romantique et émouvante, produisant un son très homogène. La fine sensibilité de Debussy, Jaëll et Fauré cède ensuite la place à une musique plus désinvolte, espiègle et gaie, aux caractères allègres et légers. 50 nuances de charme !
Le violoncelliste Xavier Phillips vient, lui aussi, enchanter le public, soutenu avec grâce par l’Orchestre, dans son jeu très émouvant et nuancé, avec des intentions claires dont le jeu coule librement.
Le public (qui était, nous l’espérons, en compagnie d’une personne charmante) est ensorcelé par ce charme français. La salle remercie longuement les artistes et les fait revenir plusieurs fois jusqu’à ce que les lumières se rallument. Un bon charmeur sait gagner le cœur d’une personne, mais il sait aussi se faire désirer. Les artistes remercient alors le public et lui disent au revoir sans proposer de bis.