DANSE – Après sa création aux Folies Bergère en 2020, le conte musical de Marc Lavoine et Fabrice Aboulker Les Souliers Rouges, inspiré du conte d’Andersen est de retour pour trois dates à la Salle Pleyel, avant de partir en tournée dans toute la France. Féérique et poétique, le spectacle est une bonne surprise musicale avec de très belles chansons.
L’amour ou la gloire : sur quel pied danser ?
Isabelle rêve de devenir danseuse étoile à l’Opéra de Paris. Une chance pour Victor, chorégraphe réputé qui rêve de renouer avec la gloire en trouvant une ballerine talentueuse. Une nuit, il fait un pacte avec le diable qui lui donne une paire de souliers rouges magiques. La danseuse qui les portera connaîtra le succès mais périra si elle tombe amoureuse. Victor donne sa chance alors à Isabelle en lui offrant le rôle principal dans un ballet maudit, Les Souliers rouges. Tout roule jusqu’à l’arrivée de Ben, un beau gosse journaliste… Bref vous l’avez compris, Isabelle va être en proie avec un sérieux dilemme : la gloire ou l’amour ? Vivre ou ne pas vivre son rêve ? Qu’est ce qui compte le plus dans une vie ? Réussir sa carrière ou sa vie amoureuse ?
Comme la plupart d’entre nous le ferrait, la jeune et jolie Isabelle tente d’avoir tout avant de se brûler les ailes : être riche et célèbre et en même temps libre et amoureuse. Mais ce n’est pas un joli conte de fées et l’histoire finit mal. Elle s’inspire du conte pour enfants d’Andersen publié en 1845 Les souliers rouges et du film culte The Red Shoes réalisé par Michael Powell et Emeric Pressburger, sorti en 1948. En 2016, le chanteur aux multiples facettes Marc Lavoine et le compositeur Fabrice Aboulker décident d’en faire une histoire chantée en compagnie d’Arthur H et de Cœur de Pirate. Quatre ans plus tard et un disque d’or, ils poussent le challenge encore plus loin en le transformant en un spectacle musical chorégraphié aux Folies Bergère.
On connaît les chansons
Pas de dialogues parlés pour cette comédie musicale, mais vingt-quatre chansons composées entièrement par Marc Lavoine et Fabrice Aboulker qui tiennent la route et font avancer l’histoire comme une succession de clips. Il faut dire que ces deux-là se connaissent depuis 1983 et que leur association à donné lieu à certains tubes comme Les Yeux revolver, Qu’est-ce que t’es belle ou Le parking des anges. On ne change pas un duo gagnant ! Aujourd’hui ils ont poussé les leviers encore plus loin en bâtissant une comédie musicale de A à Z avec des mélodies envoutantes dont un tube « Vivre ou ne pas vivre », instaurant Les souliers rouges comme un des spectacles incontournables de la scène parisienne. Cependant cette création aurait gagné en intensité avec la présence d’un orchestre live, car les comédiens sont contraints de chanter sur une bande son parfois un peu trop forte.
Des jeunes bien dans leurs baskets
Les trois stars de la chanson française ont laissé leurs places à de jeunes interprètes prometteurs : Céleste Hauser (Isabelle), Guilhem Valayé (Victor), révélé dans la saison 4 de The Voice et Benjamin Siksou (Ben), finaliste de la Nouvelle Star en 2008. Ils jouent leurs rôles à la perfection. Guilhem Valayé avec son timbre grave et rauque nous entraîne dans sa folie amoureuse, même s’il est un poil jeune pour incarner Victor. Benjamin Siksou, loin du cliché du beau gosse, nous séduit. Céleste Hauser avec sa voix douce et aérienne apporte toute la naïveté et la fraîcheur à son personnage même si côté danse classique elle manque parfois de technicité. Mais on imagine bien qu’il est compliqué de trouver une danseuse classique avec une voie exceptionnelle, qui sait jouer la comédie…
Quand classique et hip-hop…se mêlent
La mise en scène très années 90 avec des longs rideaux sur lesquels sont projetés des vidéos n’a rien d’exceptionnelle et est un peu trop épurée à notre goût. Mais la chorégraphie vient à sa rescousse. Sous la direction de la chorégraphe Tamara Fernando et de l’étoile du Ballet de l’Opéra national de Paris, Marie-Agnès Gillot, huit interprètes alternent entre classique (où ça pêche un peu) et contemporaine (hip hop, breakdance) où ils assurent complètement. Certains danseurs sont d’une incroyable virtuosité lors de numéros de breakdance quand ils interprètent des anges diaboliques.
À lire également : Ils sont fous ces romains !
Bref, vous l’avez compris Les souliers rouges est une pépite musicale qui prouve qu’il est encore possible de faire des comédies musicales canons en France !