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Présences de Reich, hier et aujourd’hui

COMPTE-RENDU – Point orchestral culminant du Festival Présences 2024 de Radio France, ce 7ème concert commençait par rendre un hommage de pleine actualité au très récemment disparu Seiji Ozawa, et s’achevait par la création française de Music for ensemble and orchestra (2018) de Steve Reich.

Trop jeunes pour s’affronter 

En 34 ans d’existence, le Festival Présences (consacré chaque année à un compositeur vivant) a changé, avec le temps, avec les esthétiques. Il veille toutefois, aujourd’hui, à mettre à l’honneur différentes approches de ce qu’est la musique « contemporaine », quitte à être accusé, d’un an sur l’autre, par les uns d’être trop élitiste, par les autres d’être trop démago en invitant des musiques (in)audibles, aux racines (im)populaires.

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Mais dans le cadre d’une thématique, fût-elle consacrée à Steve Reich, dont le choix en 2024 n’offusquera pas même le « boomer » le plus invétéré, chaque concert peut être différent. C’est le cas avec ce 7ème rendez-vous : place à une génération née après 1980, libérée de la futile querelle des anciens et des modernes, et à un Régis Campo, enfant de 1968 (au sens propre), dont le Dancefloor with Pulsing, avec thérémine solo, ici en création française, restera gravé dans les mémoires !

Présences #7 s’ouvrait sur un Concerto pour orgue de l’Américain Nico Muhly (né en 1981), en création française lui aussi, sobrement intitulé Register. Pour cette partition rock’n’roll, le rôle de soliste était confié à la Lettone Iveta Apkalna. Magnifique époque que celle où la technique permet d’installer les organistes sur la scène aux côtés du chef d’orchestre. Dans ce Muhly mahlérien avec tubas, timbales, cris désespérés des cordes, accalmies lyriques, sentimentales, instaurant un rapport fusionnel entre orgue et orchestre aux doublures étonnantes, on note un magnifique solo de pédale — tel un chorus de jazz — où la soliste fait des merveilles.

« Très dur et sale (son de musique techno) »

La partie centrale s’ouvrait donc sur le Dancefloor with Pulsing du Français Régis Campo  (le « boléro de Ravel de Régis Campo » annonce Pierre Charvet, délégué à la création musicale à Radio France). Là aussi donnant une contemporanéité vivante à la musique, cette partition est aussi visuelle que sonore, tant dans la gestuelle de la soliste (la théréministe allemande Carolina Eyck) que dans l’emploi souvent humoristique des percussions en fond de scène, les répétitions d’un glissando ascendant explosif en tutti sur fond de marche forcenée et implacable, entre Reich et Mahler. Măcelaru relève le défi et les musiciens de l’ONF sont de toute évidence enchantés d’interpréter cette musique. Le thérémine, cet instrument que l’interprète ne touche pas et dont les possibilités de timbre sont supérieures à celles des ondes Martenot, a décidément le beau rôle, bien que l’instrument existe depuis maintenant plus d’une centaine d’années. 

Lumineuse Gabriella Smith

Juste après un Stillness (création mondiale) de Nico Muhly à la spiritualité quelque peu éthérée, où intervient la superbe Maîtrise de Radio France dirigée par Sofi Jeannin, venait la meilleure œuvre au programme, celle de Gabriella Smith, Field Guide, en création française : une sorte de lente transition de Lachenmann (des bruits instrumentaux en rythme faisant la part belle aux contrebasses) à Bruckner (sublime densité harmonique, émergence de la lumière).

Et pour finir, un bon Steve Reich des familles (Music for Ensemble and Orchestra pourtant en création française) qui nous fait nous demander : pourquoi Steve Reich plutôt que les albums concepts de Pink Floyd ? non moins intéressants…

Allons bon, l’intérêt majeur de cette musique est l’extrême concentration qu’elle exige d’excellents musiciens et, ici, la référence baroque, dans le détail, en écoutant bien, dans l’écriture des parties de violon, mais aussi le jeu sur l’accélération des valeurs rythmiques et les affinités avec la musique africaine.Les voyages forment la jeunesse et la vieillesse : de quoi réconcilier les anciens et les modernes.

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