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l’ONDIF, c’est pas des Charlots !

CINÉ-CONCERT – L’Orchestre National d’Île-de-France dirigé par Hugo Gonzalez-Pioli a donné en ciné-concert à l’Opéra de Massy trois court-métrages de Charlie Chaplin : Charlot chez l’usurier (1916), L’Émigrant (1917) et Charlot fait une cure (1917).

Le Dictateur c’est Charlot

Le cinéma de Charlie Chaplin caractérisé par un humour simple, accessible et intelligent constitue un défi à être joué en ciné-concert. En effet, le célèbre personnage de Charlot captive le public et attire toute l’attention à chaque instant avec ses expressions, ses mouvements, ses actions toujours inattendues et ses idées farfelues qui font rire à tous les coups. Il s’agit d’un cinéma très rythmé où c’est précisément la gestion du temps et des enchaînements qui produit l’effet comique. L’orchestre doit donc être capable de s’adapter au rythme du film, accompagner et enrichir sans en faire trop pour se placer en concurrence de l’image, au risque de détourner l’attention du public. C’est Chaplin qui dicte le bon rythme à adopter. Pas l’inverse.

Les Lumières de l’Orchestre

Tout ça, Hugo Gonzales-Pioli l’a parfaitement compris, avec une direction tout en légèreté et en fluidité. Il dirige avec son corps entier, de manière dansante, en étant toujours à l’écoute des musiciens tout en restant attentif aux images des films. L’orchestre est lui aussi à l’écoute du chef et répond parfaitement à ses indications. Les départs sont précis et chaque pupitre respecte les impulsions données, ce qui donne un jeu varié et dynamique, en accord avec l’action à l’écran. Lorsque Charlot s’agite (entraînant avec lui une échelle ou renversant tous ceux qu’il croise, ou encore lorsqu’il tente d’échapper à un masseur aux techniques particulièrement brutales), ce sont les percussions, les pizzicatos des violons et les notes piquées de la harpe qui confèrent à l’ensemble un dynamisme certain.

Puis lors des moments de tendresse, quand Charlot vient en aide à une femme ayant perdu tout son argent, le jeu de l’orchestre devient bien plus expressif avec de jolies mélodies legato qui insistent sur les nuances. L’orchestre accompagne aussi l’action avec quelques figuralismes : le son des vagues dans les scènes de bateau au début de L’émigrant. Il vient aussi évoquer la magie quand Charlot tente de réparer un réveil avec des méthodes assez inhabituelles, pour donner au public l’espoir que tout arracher à l’aide d’une pince, frapper dessus avec un marteau et l’imbiber d’huile peut fonctionner…. 

Le Cirque ? Sûrement pas !

C’est ce sérieux et l’implication donnée dans l’exécution de la musique qui renforce le comique à l’écran. Puisque l’action va très vite, l’orchestre prend son temps et ne vient pas surcharger ou alourdir l’image. Chaque impulsion musicale est réfléchie en fonction de ce qu’il se passe à l’écran et vient intelligemment l’accompagner. Les différentes lignes mélodiques entre les pupitres se répondent avec un bon équilibre sonore. Le jeu des bois et des cuivres sait être discret lorsqu’ils accompagnent puis repasse au premier plan lorsque ceux-ci ont le thème. Le jeu aux balais à la batterie permet aussi d’insuffler une énergie discrète mais essentielle à plusieurs reprises. L’orchestre joue également sur les nuances de manière saisissante avec certains passages de piano solo, progressivement rejoint par les cordes et l’ensemble de l’orchestre, pour finir sur un forte fin et élégant sans aucune brutalité.

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Enfin, Ann-Estelle Médouze, premier violon soliste, a su apporter de magnifiques solos, à la fois énergiques et tendres, qui ont apporté une couleur particulière et expressive à l’ensemble. L’interprétation musicale de ces trois court-métrages est une très belle façon de découvrir ou de se remémorer les œuvres de Chaplin. On est maintenant loin des Temps Modernes, mais aux temps d’aujourd’hui ce ciné-concert a montré que le cinéma de Charlie Chaplin touche encore le public et parvient toujours à le faire rire.

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