Giselle : girls band

DANSE – Revoir dans l’écrin de l’Opéra Garnier Giselle, l’un des ballets romantiques les plus beaux du répertoire de l’Opéra Paris est comme savourer une madeleine de Proust. Un ballet sur un amour destructeur et la sororité, interprété avec brio par les étoiles Myriam Ould-Braham, Paul Marque et Valentine Colasante. Une soirée de première un peu spéciale, car la première fera ses adieux sur ce même spectacle, le 18 mai. 

Un prince qui abuse

Sur une idée de Théophile Gautier, Giselle, c’est l’histoire de cette paysanne naïve qui meurt littéralement le cœur brisé par le prince Albrecht, dont le cœur balance entre deux femmes. Elle n’avait pas lu Musset et elle ne savait pas que « tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ». Et que son prince cochait malheureusement plusieurs de ses adjectifs… Au deuxième acte, après sa mort, Giselle va-t-elle se venger ? Croyez-le ou non : Giselle va le sauver. Quelle bonne âme ! De quoi faire enrager n’importe qui, en 2024… Et pourtant c’est ce second acte qui a fait de Giselle l’emblème du ballet romantique. C’est aussi pour ce second acte qui font que les amateurs de ballets classiques ont vu Giselle une dizaine de fois. En effet il n’y a rien de plus beau qu’un amour qui continue dans la mort, pas un amour vengeur, mais un amour pur et bienveillant.

L’étoile du village

Le premier acte plante le décor dans un joli petit village en fête entouré de forêts. Le prince Albrecht repère la jeune Giselle et la drague lourdement avec un comportement insistant voir complètement déplacé : il l’embrasse de force après un « Non » clair de Giselle avant qu’elle ne cède à ses avances. Paul Marque joue avec justesse ce prince méprisant qui se croit tout permis et livre une interprétation tout en puissance, avec des sauts aériens. Le personnage d’Hilarion incarné par le premier danseur Arthus Raveau, ne vaut pas mieux guère que le prince : il veut aussi posséder Giselle. 

L’étoile Myriam Ould-Braham incarne cette petite paysanne à la perfection, dont elle connaît le rôle sur le bout des pointes : elle rayonne dans tous les états que son personnage traverse. Giselle n’est pas seulement un rôle de danseuse mais aussi celui d’une actrice du cinéma muet maîtrisant à la perfection la pantomime. Sa scène de folie du premier acte plonge le spectateur dans un flot d’émotions qu’elle traverse en quelques instants jusqu’à sa mort. En ce soir de première, Myriam Ould-Braham a été époustouflante. Ça promet une grande soirée pour ses adieux le 18 mai.

© Julien Benhamou
La vie après l’amour

Rongé de culpabilité, le prince se rend sur la tombe de Giselle avec un énorme bouquet, pour tenter de se racheter. Soudain, la musique devient ensorcelante et la fumée envahit la scène, créant une atmosphère fantastique. Des dizaines de spectres vêtues de longs tutus blancs envahissent alors la scène. Ce sont les Willis, les fantômes de jeunes filles trompées par leurs amants avant leurs noces et protectrices des femmes trahies. À leur tête une reine : Myrtha incarnée avec brio par Valentine Colasante qui montre une fois de plus une technicité irréprochable. Ses déplacements et ses sauts remarquables illustrent parfaitement le côté surnaturel de cette reine de la nuit. Dans le public, pas un bruit de feuilles qu’on touche, pas un bruit d’éternuement, pas un bruit de jambes croisées. Il y a des moments magiques comme celui-ci où le public est transcendé. On entendrait une mouche voler.

© Julien Benhamou
You go girls !

Ces Willis se distinguent uniquement par leurs silhouettes dans une lumière bleutée rappelant celle de la lune. Elles sont vêtues entièrement de blancs avec de longs tutus fluides qui tombent jusqu’aux chevilles. Elles dansent en miroir et exécutent exactement le même mouvement avec une technicité incroyable, évoluant gracieusement ensemble sur pointes, la même jambe en l’air, à la même hauteur, formant un triangle parfait. Elles qui peut-être étaient en compétition dans la vie pour le cœur d’un homme se retrouvent unies dans la mort, et nous emportent au bout de la nuit… 

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Giselle n’est plus seule maintenant : elle est entourée de ses sœurs. Et si c’était ça le secret : l’amitié avant l’amour ? Sororité avant l’heure de ces jeunes femmes qui font front toutes ensembles contre les hommes infidèles.

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