AccueilSpectaclesComptes-rendus de spectacles - InstrumentalLang Lang, l'ODP et Mäkelä : l'union fait la force !

Lang Lang, l’ODP et Mäkelä : l’union fait la force !

COMPTE-RENDU – La Philharmonie de Paris proposait deux têtes d’affiches auprès de l’Orchestre de Paris, avec son chef Klaus Mäkelä et le pianiste Lang Lang, pour un programme certes surprenant, mais avec un soliste dans une forme éblouissante.

En lisant le programme de ce concert, on se pose d’emblée la question de sa cohérence, car on est bien en peine pour trouver le fil rouge qui en relierait les œuvres. Avec deux têtes d’affiche aussi imposantes que Lang Lang et Klaus Mäkelä, on pouvait ainsi redouter que le programme ne serve de prétexte à ses interprètes, et que l’homogénéité ne soit un peu sacrifiée aux personnalités.

Superorganismes, super-soliste

L’œuvre de Miroslav Srnka Superorganisms y répond à sa manière, filant la métaphore suivante : de même que les superorganismes dans le monde animal, un orchestre n’existe que par la coopération des individus qui le composent. Srnka l’illustre par une partition répétitive, construite un peu à la manière d’une toile impressionniste par superposition de touches. Si le deuxième mouvement propose des jeux de matière plutôt intéressants, l’ensemble manque cruellement d’une ligne directrice qui le structure ; car les effets d’atmosphère ne sont vraiment pas suffisants pour maintenir l’intérêt d’un bout à l’autre. Un projet collectif mis à rude épreuve par un public qui n’avait d’yeux que pour un seul homme, et qui n’a pas caché pas son impatience de le voir.

À lire également : Lang Lang à Bordeaux : le piano, c'est trop !

Et ça tombe bien : le 2ème concerto pour piano de Saint-Saëns s’ouvrant par une longue cadence soliste. D’emblée, Lang Lang fait entendre un son prodigieux, que sa virtuosité et un marketing bien ficelé ont parfois mis au second plan – quitte à rendre le pianiste suspect aux yeux de certains connaisseurs, lui reprochant d’exhiber sa technique et de jouer à fond du star system. Or avec Saint-Saëns, Lang Lang met tout le monde d’accord : c’est d’abord un premier mouvement qui se déploie comme un grand voyage intérieur, dont l’orchestre viendrait amplifier les pensées ; c’est ensuite un Allegro scherzando qui porte parfaitement son nom (« scherzo » signifiant « en plaisantant »), où le pianiste s’amuse des accents rythmiques de la partition ; c’est enfin une virtuosité qui n’en a pas l’air dans le Presto final, où le son garde toute sa richesse. 

Les pupitres de l’Orchestre de Paris n’ont pas ici de grand relief, Klaus Mäkelä cherchant semble-t-il l’homogénéité afin que l’ensemble dialogue d’une seule voix avec le soliste. Si l’on préfère les lectures où l’on perçoit la diversité dans l’unité, on a ici l’impression assez belle que l’orchestre est une émanation du piano – lecture très romantique, que la réverbe de la salle Boulez rendait plus vibrante encore.

Enfin, avec la Romance de Charlotte Sohy en bis, jouée avec un grand raffinement et beaucoup de simplicité, le pianiste démontre sa sensibilité aux couleurs plutôt qu’aux grands effets. Sa capacité, aussi, à s’effacer derrière une partition et à se faire la cheville ouvrière d’une œuvre plus vaste que lui.

Biodiversité orchestrale

On l’a dit, la présence de la Symphonie pour cordes n°10 de Mendelssohn et de la Symphonie n°31 de Mozart n’a rien d’évident après Srnka et Saint-Saëns. 

Il faut sans doute voir Mendelssohn comme l’occasion pour Klaus Mäkelä de mettre en valeur ses musiciens et leur son d’ensemble – car les cordes de l’Orchestre de Paris chantent d’une seule voix. Les limites du superorganisme se situent peut-être dans cette unité absolue, qui efface les singularités et les reliefs – mais quel résultat sonore !

À lire également : Lang Lang entre au Musée Grévin

La Symphonie n°31 est en revanche beaucoup plus équilibrée entre le particulier et le groupe. Klaus Mäkelä la dirige avec un allant et un aplomb risqués, flirtant avec l’excès mais n’y tombant jamais : la théâtralité de l’Allegro assai n’empêche pas la souplesse de la ligne, de même que la densité sonore de l’Andante n’écrase pas les interventions des vents. On a connu des Mozart plus délicats, mais l’élan remporte la mise. 

Le choix des œuvres n’est peut-être pas totalement cohérent ; mais dans un programme, mieux vaut ne pas être seul, quitte à être étrangement accompagné.

Sur le même thème

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Vidêos Classykêo

Articles sponsorisés

Nos coups de cœurs

Derniers articles

Newsletter

Twitter

[custom-twitter-feeds]