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Mozart au Japon, voyage-fiction

CONCERT – Au Festival Radio France Occitanie Montpellier, le Trio George Sand confronte la musique de Mozart à deux pièces écrites par une compositrice et un compositeur japonais d’aujourd’hui.

La particularité de l’excellent Trio George Sand est d’offrir à chaque fois au public un concert qui sort des sentiers battus et affirme une touche particulière d’originalité. À Montpellier, avec comme invitées l’altiste Violaine Despeyroux et la musicienne japonaise joueuse de Koto Mieko Miyazaki, le Trio a imaginé une confrontation incertaine, celle de la musique de Mozart avec la musique contemporaine japonaise. Radio France a ainsi passé commande de deux pièces spécifiques, la première à la compositrice Misato Mochizuki (née en 1969) et la seconde au compositeur Daï Fujikura (né en 1977), disciple de Pierre Boulez.

Mozart au Soleil Levant… avec des « Si » (y’a pas de sushis)

Pour mieux étayer cette idée et la rendre pourquoi pas fort crédible après tout, la pianiste du Trio Anne-Lise Gastaldi lit au public une lettre imaginaire et savoureuse que Mozart aurait adressée à son cher maître Joseph Haydn dans les années 1780. Dans cette missive, Mozart évoque(rait) son fructueux voyage au Japon, ses prestations musicales devant l’Empereur (ce qui n’est après-tout qu’un prolongement de ses effectifs voyages et démonstrations devant les têtes couronnées du Vieux Continent), sa découverte de la musique traditionnelle locale et surtout du Koto qui l’aurait fasciné et dont on dirait qu’il aurait ramené (comme l’auraient ainsi dit des enfants s’inventant des histoires, ou des adultes ayant un peu trop forcé sur la bière au saké) plusieurs exemplaires à Vienne afin de le substituer au continuo dans ses opéras ! Après tout, on surnomme bien le Japon « la Prusse de l’Asie »…

© Luc Jennepin
Giovanni-San

De fait, le Koto (ou harpe japonaise, instrument emblématique, aux 13 cordes pincées, et à la longue caisse de résonance) se substitue à la mandoline habituelle pour attaquer le concert avec la Sérénade de Don Giovanni (arrangement du musicologue Jean-Michel Ferran). Effectivement, le mimétisme de la restitution s’avère singulier, avec cependant une clarté supplémentaire et une légèreté de son surprenantes. Mieko Miyazaki, éminente spécialiste actuelle l’instrument, joue sur un modèle de Koto pliable, facile à transporter sans rien perdre de son caractère originel.

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Mozart constitue ainsi la majeure partie du programme, bien ancrée sur les terres et les sonorités européennes avec une nouvelle fois un arrangement fort réussi de Jean-Michel Ferran, l’interprétation de l’ouverture du Directeur de Théâtre. Les quatuors pour piano et cordes du compositeur autrichien, datés respectivement de 1785 pour le n°1 et 1786 pour le n°2, mettent en relief tout le talent et l’enthousiasme permanent de ces grandes musiciennes : Anne-Lise Gastaldi la fondatrice du Trio George Sand qui fait chanter son piano et enchante, Virginie Buscail et sa sensibilité innée au violon, Diana Ligeti et son jeu tout en profondeur au violoncelle ! Violaine Despeyroux merveilleuse chambriste se glisse avec son alto dans le Trio avec une sorte de délectation parfaitement ressentie.

Trio George Sand © Lyodoh Kaneko

Dans la pièce courte de Misato Mochizuki intitulée Suikinkutsu (ornement décoratif et musical à base de gouttes d’eaux du jardin japonais) pour quatuor avec piano et koto, Mieko Miyazaki s’immisce avec acuité dans les dissonances du morceau et y apporte une touche d’étrangeté. La création de Daï Fujikura, intitulée Nui (piqûre ou couture en japonais) pour trio avec piano s’inspire de la manière dont sont cousus et teintés les kimonos. Cette pièce trop courte en soi et surprenante séduit immédiatement par sa singularité et la manière dont les instruments de musique se répondent entre eux.

Ce concert souriant et presque jubilatoire  d’une heure au sein de la salle Pasteur du Corum aura été fort apprécié par le public montpelliérain, qui retrouve toujours le Trio George Sand avec un même bonheur au gré des invitations régulières par le Festival Radio France Occitanie.

…et décidément Mozart est une source d’inspiration universelle et éternelle – donc aussi dans l’univers du Manga :

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