AccueilA la UneGigenis au Grand Théâtre de Provence : Yes, we Khan!

Gigenis au Grand Théâtre de Provence : Yes, we Khan!

DANSE – Figure de la tradi-modernité, Akram Khan, danseur et chorégraphe britannique d’origine bangladaise présente en création mondiale au Grand Théâtre de Provence, Gigenis (du grec géant) questionnant le rapport de l’Humanité à la Terre-Mère, entre guerre et paix, impermanence et finitude.

Parmi sept maîtres-danseurs et sept maîtres-musiciens, emporté par le grand souffle de la saga sanskrite et mythique du Mahâbhârata, Akram Khan parvient à unifier, dans ce spectacle, danse traditionnelle (le Kathak du nord de l’Inde) et danse contemporaine, le cri et le chant, le corps et l’instrument, le conte du brahmane et la structure séquentielle, le sacré et le profane : le tout, dans la mystérieuse sagesse de la simplicité.

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Entre rives, rêves et dérives du Gange

Entre chien et loup, côté cour et côté jardin, les musiciens se tiennent sur des Ghâts, comme ancrés au limon du fleuve sacré. Car ici, la musique danse et la danse fait de la musique, chaque langage avançant dans les pas de l’autre. Les cordes, notamment, le violon d’Hariraam Lam et la contrebasse de Nina Harries, usent de la plasticité de leur accordage pour pénétrer l’univers non tempéré (différent des échelles occidentales en tons et demi-tons) propre à la musique classique indienne. 

GIGENIS, THE GENERATION OF THE EARTH – Akram Khan © Maxime Dos – Gigenis

Entre l’ocre, le mauve et le vert, les couleurs des costumes oscillent comme passées par leur exposition au soleil, à l’abri du scintillement artificiel des étoffes brodées d’or.

Entre la terre et le ciel, le personnage féminin central apporte solidité, sécurité, ancrage du corps humain : telle une statue dont les contorsions sont parcourues par l’élan vital reliant tous les êtres vivants. Le Mudrā (geste) principal est celui de l’offrande, comme celle de l’écharpe portée sur le cœur, celle de la couronne, celle du corps tout entier, tant cette danse est traversée par le geste de prosternation.

Violence entre frères

Entre deux chapitres, le tonnerre, puissant vrombissement parfois accompagné d’éclairs (créations lumières de Zeynep Kepekli) est comme le moyen de tourner les pages d’un grand livre. L’énergie rythmique qui s’étend des mélopées éraillées jusqu’aux cris gutturaux, traverse alors les danseurs. Ils se meuvent de manière belliqueuse et scandée sur une terre basse, séparée du ciel par un arc de petits lumignons : gestes d’archets, tournoiements démesurés, arrachements convulsifs, etc. 

L’objet de tout cela est le pouvoir, symbolisé par un jeu de Mudrās saisissant : doigts crénelés, réunis en couronne, selon une danse miniature, une motricité fine qui semble se tenir à l’origine même de la virtuosité humaine, qu’elle soit musicale ou chorégraphique. 

Akram Khan © Julien Benhamou

Entre fixité de l’écriture et liberté de l’improvisation, en corps et en sons, cette mise en scène de l’Écriture sacrée au sein d’une fresque harmonieuse surprend ainsi par son unité et ses différences. Tout un monde, rêvé par une narratrice, est secoué par les énergies contrastées de la condition humaine, qui, in fine, rend grâce à la Nature (et reçoit la grâce d’une immédiate standing ovation).

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