FESTIVAL – Le Temps d’Aimer la Danse est LE rendez-vous annuel de la chorégraphie du Centre Chorégraphique National Malandain Ballet Biarritz. 12 jours de danse entre St Jean-de-Luz et Biarritz qui mettent le pays basque sur la carte ! On était au week-end d’ouverture, et on en a pris plein la figure : de Sun-A Lee à Martin Harriague en passant par le Ballet de Berne et le flamenco de Manuel Liñan.
Épisode 1 – vendredi 6 septembre, 19h : Cover Pieces de Sun-A Lee
Catharsis, seulement…?
La chorégraphe et danseuse sud-coréenne Sun-A Lee revient au festival avec une nouvelle création : une trilogie conçue comme une « danse vitale de la guérison », une expérience qui se veut cathartique mais qui peut s’avérer éprouvante pour un public néophyte.
Dans un premier solo intense, « Un-Cover », la chorégraphe vêtue d’un costume masculin et d’un masque de bouc diabolique aux dents acérées, semble explorer les tréfonds de son âme en se confrontant à ses démons intérieurs. Elle interroge nos gestes et nos rites de séduction et notre besoin d’affection, difficile à éprouver pour le spectateur devant l’aspect repoussant de ce bouc malveillant. Une danse mécanique et animale, accompagnée d’une bande-son poussée au maximum, à la limite du supportable, nous plonge au cœur d’un film d’horreur de série B. Mais quand la musique s’arrête, c’est pour entendre le râle d’une bête en train d’agoniser, accentuant le malaise. Cette première partie de trente minutes peut paraître interminable pour le public.
Potes à modeler
La deuxième partie « Dis-Cover » s’inscrit dans la continuité. On y retrouve la même de atmosphère troublante, et une mise en scène évoquant l’art minimaliste du coréen Lee Ufan : coincés entre trois blocs d’argiles, un homme et deux femmes semblent exorciser leurs traumatismes d’enfance en pétrissant la matière avec une violence cathartique. Et quand ils n’ont pas les mains dans l’argile, une des femmes tire violemment les nattes de ses cheveux, tandis qu’un couple a des rapports violents répétitifs, rappelant le style de Pina Bausch. Leurs corps se contorsionnent, comme possédés, jusqu’à ce que le modelage de cette argile semble leur apporter un certain apaisement. Cette matière devient alors le ciment entre leurs corps et leurs émotions, les unissant dans une quête commune d’aller mieux. Ils la malaxent et l’étalent jusqu’à dessiner ce qui ressemble à un œil, miroir de leurs âmes très tourmentées. Thérapie par la matière, aussi efficace qu’un tour chez le psy…
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Épuisés
Enfin la troisième partie, « Re-Cover », offre un dénouement plus serein. Les quatre danseurs, après avoir exploré les profondeurs de leurs âmes pendant une heure, semblent avoir atteint un état d’apaisement et être enfin guéris. Un rituel placé sous le signe de l’eau : une coupe passée entre eux comme le Saint Graal achève la guérison. Cette trilogie se termine sur une note de soulagement tant pour les danseurs que pour les spectateurs éprouvés, enfin libérés pour enchaîner rapidement sur la pièce suivante au Théâtre de la Gare du Midi. À suivre !