FESTIVAL – Le Temps d’Aimer la Danse est LE rendez-vous annuel de la chorégraphie du Centre Chorégraphique National Malandain Ballet Biarritz. 12 jours de danse entre St Jean-de-Luz et Biarritz qui mettent le pays basque sur la carte ! On était au week-end d’ouverture, et on en a pris plein la figure : de Sun-A Lee à Martin Harriague en passant par le Ballet de Berne et le flamenco de Manuel Liñan.
Épisode 2 – vendredi 7, 21h : Don Quixote par le Ballet de Berne
Un ballet un peu space
Le chorégraphe taiwanais Po-Cheng Tsai revisite le célèbre Don Quichotte de Cervantes pour le prestigieux Ballet de Berne en Suisse. Cette adaptation contemporaine biberonnée à la culture des mangas et à la saga Star Wars s’éloigne radicalement de la version classique de Noureev, au point de rendre méconnaissable l’histoire originale. Le cadre espagnol traditionnel est à peine rappelé par des tenues rouges, et les éléments fondamentaux de l’œuvre comme les moulins à vent ou l’histoire d’amour, semblent avoir été délibérément sacrifiés au profit d’une esthétique glaciale et futuriste. Bref, on quitte l’Espagne pour une galaxie lointaine, très lointaine… Malgré la réputation prometteuse du chorégraphe, lauréat de nombreux prix internationaux et désigné « chorégraphe de l’année » 2018 par le magazine allemand Tanz, la mise en scène peine à convaincre. Elle se compose d’un décor minimaliste blanc aux formes géométriques.
Portraits robots
Les nombreuses scènes de combats chimériques entre un homme en rouge et d’autres en noir pourraient évoquer la lutte de Don Quichotte contre les moulins à vent, mais l’ambiguïté persiste. Et l’identification du personnage de Dulcinée s’avère encore plus ardue. Dans un coin, un personnage énigmatique avec ses mains agitées et sa bouche en forme d’anneau rouge rappelle l’Empereur Palpatine de Star Wars, comme s’il tirait les ficelles, dans l’ombre. De quoi ajouter à l’atmosphère singulière d’une pièce bien mystérieuse. Bien que certains moments chorégraphiés soient esthétiquement réussis, comme cette scène où deux danseurs en rouge font « sombrer » leurs partenaires habillés de noir par un simple baiser, l’ensemble manque de cohérence narrative. Les nombreuses scènes de corps à corps ne suffisent pas à raccrocher les wagons d’un récit qui désoriente, et dont on s’échine à décrypter l’intrigue.
À lire également : Le Temps d'Aimer la Danse, épisode 1 : Sun-A Lee