CONCERT – Le Festival d’Ambronay accueille la chanteuse Diana Baroni pour un concert qui rend hommage aux femmes artistes d’Amérique latine, femmes aux talents extraordinaires ayant pourtant tragiquement souffert. Un concert aussi touchant qu’authentique.
Pour cette 45ème édition du Festival d’Ambronay, la thématique est « la voix est libre ». Qui mieux que la voix des femmes pour chanter la liberté ? Les artistes latino-américaines n’ont pas manqué d’exprimer leurs souffrances et d’user de leur imagination pour être libres dans leur art autant que dans leur vie. C’est justement pour leur rendre hommage que la chanteuse argentine Diana Baroni a concocté ce programme. Qu’elles soient issues de la tradition orale ou écrites sur des textes poétiques de Juana Inés de la Cruz ou encore Luciana Ortiz Herrera, ces chansons manifestent les personnalités fortes des femmes du Nouveau Monde. Frida Kahlo, dont un extrait du journal intime « Tu mérites un amour… » est déclamé, fait également partie de l’hommage.
Voix à tout crin
Accompagnée du cubain Ronald Martin Alonso à la viole de gambe et du mexicain Rafael Guel Frais à la guitare baroque, la chanteuse et musicienne offre un moment tout à fait intimiste en cette salle polyvalente d’Ambronay. Diana Baroni fait entendre une voix peu timbrée, caressante au grain et au vibrato touchants, mais non moins présente, particulièrement captivante dans ses graves. Elle joue également du traverso, ajoutant en rondeur et en douceur à la sonorité des deux autres instruments.
Qu’elle soit instrumentiste ou chanteuse, ce qu’elle alterne avec une facilité que seule égale son agilité instrumentale comme dans La Petenera, son huasteco, Diana Baroni se fait conteuse par une gestuelle quasi dansée qui passe par tout le corps. Les arrangements des accompagnements ne sont jamais identiques, l’auditeur ne se lassant ainsi jamais de ces moments tout à fait uniques, portant ces beaux textes qui subliment une souffrance que les artistes semblent subir au soleil et relater avec un sourire consolateur.
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Les larmes, perles de musique
Llora tus penas, tùntuna bailecito de Luciana Ortiz Herrera se fait presque cri de peine par l’interprétation investie, se faisant cri intérieur mais non moins intense. Que l’on soit hispanophone ou non, on se laisse volontiers emporter par les paroles de Diana Baroni, qui offre en bis une amusante chanson autour des fruits, Frutas, laissant le public conquis avec un grand sourire, illuminé par le soleil intérieur de ce concert, véritable ode à la résilience et à la créativité des femmes artistes d’Amérique latine, porté avec authenticité par Diana Baroni et ses compagnons de scène.