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Mothers, le chant des partisanes ukrainiennes

LYRIQUE  – Le TNBA (Théâtre National Bordeaux Aquitaine) accueille la nouvelle création de Marta Górnicka : Mothers, a Song for Wartime. La metteuse en scène présente ce qu’elle appelle du “théâtre choral politique”. Un chœur de 21 femmes en exil, polonaises, ukrainiennes et biélorusses, lève sa voix en résistance à la guerre. Entre chants traditionnels et revendications politiques, Mothers adresse un message fort à son public européen. 

La force du chanter ensemble

Le chant fait partie intégrante de la culture ukrainienne. La pièce revient à cette pratique originellement féminine et collective. Face au vacarme des bombardements, le chœur oppose ce que la guerre n’a pas pu détruire : les chants et la culture traditionnelle. L’une d’entre elles confie n’avoir pu ramener de son exil qu’un bandura, un instrument traditionnel ukrainien. Dans un geste cathartique, le chœur ressuscite ces textes réconfortants et pleins d’espoir. Ces moments de légèreté s’entrelacent aux messages politiques et aux témoignages poignants. 

La guerre au féminin

Marta Górnicka propose une pièce où se rencontrent l’intime, le chant et le politique. Les femmes présentes sur le plateau, âgées de 8 à 70 ans, vêtus de leurs habits quotidiens, rappellent qu’elles sont aussi des victimes de guerre. “Le viol est une arme de guerre” répètent-elles avec assurance. Et ces violences sont toujours les mêmes, bien qu’elles soient exécutées par des bourreaux différents. Quand le public rentre dans la salle, la pièce a déjà commencé. Le chœur, immobile, groupé, le regard déterminé, attend que chacun trouve sa place. Mothers offre une mise en scène sans superflu, qui met la parole au centre de son dispositif. Car tant que les massacres continueront, le chœur chantera. 

© Bartek Warzecha
Indignez-vous !

Mothers ne ménage pas son public, et c’est essentiel ! Elle pose à l’Europe la question de sa responsabilité individuelle et collective quand, à l’heure des réseaux sociaux, les images choquantes de guerres se mêlent aux mèmes de chat et aux tutos cuisine. Pourtant, l’indignation ne devrait pas durer le temps d’un swipe sur instagram, car ces violences, même si elles se perpétuent loin de nos frontières, nous concernent. Rester indigné, c’est déjà lutter contre l’oubli. 

À lire également : Kyiv, deux ans après

L’équipe de Mothers a reçu une ovation chargée d’émotion ce soir dans la salle du TnBA. Le public est resté debout à applaudir, même lorsque le plateau s’est vidé de son chœur. Bien que Mothers soit éprouvant, il jette un rayon d’espoir qui, de toute évidence, ne peut se construire qu’ensemble… 

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