COMPTE-RENDU – Classykêo prend les codes de la presse people pour vous dévoiler en exclusivité 5 informations croustillantes sur les coulisses du tournage de Polifemo, docu-fiction tourné dans les studios de l’Opéra de Lille :
- Devinez quelles grandes stars ont eu ce scénario entre les mains
Blockbuster de la rentrée, ce Polifemo basé sur l’opéra de Porpora a déjà connu une série de représentations à l’Opéra du Rhin début 2024. C’était alors le contre-ténor star Franco Fagioli qui interprétait le rôle d’Acis, qui fut jadis chanté par Farinelli lui-même. Cette superproduction opératique, qui enchaine les airs, avec seulement deux duos (entre Acis et Galatée à chaque fois) et un ensemble final, associe deux épisodes mythologiques dans lesquels le cyclope Polyphème intervient : les amours contrariés d’Acis et Galatée dans les Métamorphoses d’Ovide et la capture d’Ulysse et de ses compagnons dans L’Odyssée d’Homère. Afin d’unifier dramaturgiquement ces deux univers, le réalisateur Bruno Ravella fait le choix d’un docu-fiction : un faux documentaire décrivant les frasques de l’équipe de tournage d’un péplum dans lequel Ulysse et Calypso s’unissent pour défaire Polyphème. Pour ce projet, le réalisateur s’entoure d’une équipe qui envoie du bois : Annemarie Woods pour les décors et costumes et son presqu’homonyme D. M. Wood pour les lumières.
- Harcèlement sexuel sur le tournage : fin de carrière pour Polyphème ?
Dans ce scénario, Polyphème, est un réalisateur-acteur tyrannique qui joue le méchant monstre dans son propre film. Ulysse, acteur à succès aux faux-airs de Fonzie dans Happy Days, tente de s’accommoder de la présence de Calypso, diva du grand écran qui tente de lui voler la vedette, mais qui succombe finalement à ses charmes. Elle n’a toutefois que mépris pour Galatée, la jeune comédienne qui en pince pour le peintre de l’équipe de décorateurs, Acis. À l’ère post-#MeToo, elle n’hésite pas à repousser les avances de Polyphème qui décide de se venger en faisant tomber un projecteur sur Acis. Les dieux d’Hollywood sauvent toutefois le jeune homme qui, à défaut d’être réincarné en cours d’eau comme dans la mythologie, l’est en douche (ces projecteurs placés à la verticale du sujet à éclairer).
Le banquet de fin de tournage montre que l’ambiance est restée excellente au sein du casting : ces bisbilles avec le réalisateur n’étaient donc bien que fictives.
- Prise de poids et perte de taille : révélations sur les effets spéciaux
Pour jouer son rôle d’Ulysse, Paul-Antoine Bénos-Djian n’a pas été obligé de prendre 30kg de muscles. Alors que son personnage doit plonger dans l’œil du cyclone pour plonger sa lance dans l’œil du cyclope, il arbore une musculature digne d’Arnold Schwarzenegger. Il utilise pour cela une prothèse, tout comme Polyphème pour son rôle de cyclope.
Ce dernier étant un géant, l’équipe du film a dû imaginer des procédés à la pointe des techniques des années 60. Lorsque l’action est centrée sur l’ogre, ce sont ainsi des poupées animées et costumées comme Ulysse et ses compagnons qui lui font face et lui donnent l’allure d’un colosse. À l’inverse, une immense tête et une main griffue de géant permettent de figurer la petitesse des humains lorsque ces derniers se rebellent.
- Où avez-vous déjà entendu la cheffe de la bande originale ?
Certes, quand on Haïm, on ne compte pas. Mais Emmanuelle Haïm est comme chez elle à l’Opéra de Lille où elle est présente chaque année. Avant Polifemo, elle y a ainsi tenu la baguette pour Don Giovanni, Semele, Idoménée, Didon et Enée ou encore The Indian Queen et Rodelinda. Elle dirige ici la bande originale du film d’une gestique nerveuse, courte et sèche. Son Concert d’Astrée, qui montre toute sa virtuosité dans cette partition exigeante, n’en garde pas moins des lignes heurtées et trop peu nuancées.
- Ambiance houleuse au sein du casting : des éclats de voix auraient été entendus
Les spectateurs présents en salle en témoigneront : tous les membres du plateau vocal, d’un niveau très homogène, ont pu faire entendre de ravissants éclats de voix. Les vocalises demandées à chacun sont exécutées avec une égale précision et agilité. Si son personnage l’est par un projecteur, Kangmin Justin Kim ne semble à aucun moment écrasé sous le rôle Acis, dans lequel les références sont pourtant prestigieuses. Il effectue lui-même ses cascades lyriques d’une voix douce et fine dans le médium, s’élargissant dans l’aigu. Son timbre reste pur et délicat. Marie Lys en Galatée laisse entendre un timbre laiteux et hâlé dans le médium, qui s’éclaire dans l’aigu. Sa voix est vigoureuse et ses phrasés conduits avec musicalité. Paul-Antoine Bénos-Djian trouve un rôle de composition en Ulysse macho. Il s’appuie sur un timbre médian, coloré, à l’émission ferme, ainsi que sur un phrasé doux et délicat. Delphine Galou dispose d’une voix sèche au souffle assez court en Calypso, ce qui ne l’empêche pas de vocaliser avec une apparente facilité. José Coca Loza expose une solide voix de pierre en Polyphème, au médium houleux et noble de timbre et de port, mais sans le volume et les graves extrêmes du géant. Florie Valiquette est une Nérée transformée en pin-up blonde, physiquement proche de Marylin Monroe, ce qu’elle incarne avec une dynamique scénique indéniable, et un timbre pur.
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Durant tout le spectacle, le public reste attentif : pas un bruit de pop-corn ne se fait entendre dans la salle. Lorsque l’affiche du film, qui tient lieu de rideau, se baisse, le public se montre extrêmement satisfait de la proposition.