AccueilDisquesDisques - LyriquePene Pati : le Pavarotti des Îles

Pene Pati : le Pavarotti des Îles

DISQUE – Pour son deuxième disque solo, le ténor samoan qui vient de triompher en Faust à l’Opéra Bastille offre à ses admirateurs un superbe programme composé de larges extraits d’opéras français et italiens. Hommage à peine voilé au grand Luciano Pavarotti, mais belle occasion également d’imposer un style et une personnalité vocale des plus attachants.

Son nom de famille en ferait presque un homonyme de la grande Adelina Patti, une des légendaires sopranos du dix-neuvième siècle. Cela dit, les quatre syllabes que constituent le prénom et le patronyme de Pene Pati évoqueraient plutôt le nom de Luciano Pavarotti, un des plus grands ténors du vingtième. Mais qu’est ce donc qui rend ce CD du ténor samoan aussi attachant ?

Du grand huit au tout neuf !

Les plages sur cet album sont constituées d’un savant mix entre des grands classiques du répertoire (La Bohème de Puccini, Faust de Gounod, Manon et Werther de Massenet, Lucia di Lammermoor et La Favorite de Donizetti…), et des pages moins, voire totalement, inconnues. On entend moins Dom Sébastien du même Donizetti, et c’est bien dommage, pas plus que cette autre curiosité qu’est l’opéra autrefois très célèbre Il bravo de Saverio Mercadante. Le duo de la Frédégonde d’Ernest Guiraud est donné ici en premier enregistrement mondial, et bien on adorerait en savoir plus sur ce compositeur. Pour mémoire, ce dernier est surtout entré dans la postérité pour avoir écrit les récitatifs de la Carmen de Bizet et achevé l’orchestration des Contes d’Hoffmann d’Offenbach. C’est Saint-Saëns qui avait dû achever son opéra Frédégonde, preuve en tout cas que les compositeurs autrefois savaient s’entraider.

© Warner Classics

Même la cabalette du Faust de Gounod « C’est l’enfer qui t’envoie », très vite abandonnée par le compositeur après les premières représentations, n’avait jamais connu les honneurs du disque. Beaucoup de ces airs ont été autrefois enregistrés et popularisés par le grand Luciano Pavarotti – « Nessun dorma » de la Turandot de Puccini est à cet égard particulièrement emblématique – mais notre ténor samoan trouve également ses marques dans l’opéra français relativement peu fréquenté par son illustre prédécesseur. La Juive de Halévy, La Damnation de Faust de Berlioz n’ont jamais été au répertoire du grand ténor italien, dont la fréquentation de l’opéra français n’a été qu’épisodique tout au long de sa carrière. Faust et Werther, par exemple, n’ont été abordés que par des airs séparés. Petit sujet d’interrogation, le fait d’avoir dans la composition de l’album séparé l’air de Macduff « Ah ! la paterna mano » de la cabalette pour deux ténors qui, normalement, lui fait suite. Pourquoi d’ailleurs avoir proposé ce dernier extrait pour un disque récital ?

Un air de famille

Le choix de ce court duo, bien entendu, a été motivé par le souhait de chanter en compagnie du petit frère, Amitai, possesseur lui aussi d’une très belle voix de ténor, plus légère que celle de Pene mais dotée d’un agréable grain légèrement barytonant. Amitai prête également sa voix pour quelques phrases de l’extrait du Bravo de Mercandante, ainsi que pour le trio de La Juive sur lequel s’achève le récital. Ce morceau permet également de faire entendre le radieux et pulpeux soprano d’Amina Edris, à la ville l’épouse de Pene… Cerise sur le gâteau, on entend également cette sublime voix pour le duo des… cerises, précisément, tiré de L’Amico Fritz de Mascagni, morceau autrefois popularisé par Pavarotti et Mirella Freni. Amina Edris est également la partenaire choisie pour le duo de Frédégonde où les deux époux rayonnent de tout le soleil de leur voix. 

Le soleil dans la voix

Les questions de répertoire mises à part, c’est sans aucun doute par la nature solaire de son timbre que Pene Pati évoque le plus Pavarotti. Comme son illustre aîné, il dispose d’une voix longue, homogène et merveilleusement timbré, qui s’épanouit vers une quinte aigüe facile et scintillante. Les notes extrêmes sont tenues sans que cela pose le moindre problème de souffle, et l’onctuosité du legato n’a d’égal que la qualité de la diction, irréprochable dans les deux langues abordées sur ce programme. La musicalité est sans faille et on ne déplore aucune faute de goût dans un répertoire que les chanteurs non francophones ont parfois l’habitude d’italianiser « alla verismo ».

À lire également : Faust : la crise de la cinquantaine

Sans doute les clous de cet album, les deux airs « français » de Donizetti, « Ange si pur » de La Favorite et « Seul sur la terre » de Dom Sébastien, pages pour lesquelles la langue française et la mélodie italienne se rejoignent pour le plus grand bonheur de tous. Au bonheur de ces trois voix réunies, s’ajoutent un chœur et un orchestre de première ordre, les forces chorales et orchestrales bordelaises faisant merveille sous la baguette attentive et experte du chef d’orchestre Emmanuel Villaume. Un très bel album confié à de jeunes chanteurs, qui n’augure que du bonheur pour les décennies à venir.

Pourquoi on aime ?

  • Pour la découverte d’airs d’Opéra nouveaux pour nous, qu’on aimerait bien voir dans tous les programmes !
  • Pour le plaisir d’entendre un des ténors les plus lumineux de notre époque
  • Et celui d’entendre son petit frère !

C’est pour qui ?

  • Les bordelais, qui se souviennent que c’est avec leur Orchestre National Bordeaux Aquitaine que Pene Pati a fait ses débuts !
  • Le public du Faust de Gounod à Bastille, qui en auront jamais assez de Pene Pati
  • Ceux qui ont fait le tour de la disco de Pavarotti, qui voudraient le voir réincarner
Sur le même thème

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Vidêos Classykêo

Articles sponsorisés

Nos coups de cœurs

Derniers articles

Newsletter

Twitter

[custom-twitter-feeds]