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Notre Dame, le réveil de l’orgue, épisode 2 : Olivier Latry

CONCERT – Les portes de Notre-Dame de Paris ont réouvert pour offrir à nouveau une saison de concerts après un peu plus de 5 ans de fermetures dûes à l’incendie. Après le réveil de l’orgue le 08 décembre 2024, un cycle de récitals est donc donné à chacun des quatre titulaires de l’orgue. Aujourd’hui : Olivier Latry.

Il fallait bien s’attendre à un récital de grande démonstration : des sonorités surprenantes, parfois dissonantes, des sons sourds ou assourdissants, des registres doux ou brillants avec beaucoup de jeux autour de la pédale expressive, dont le rôle est de créer des changements d’intensité dans les registres, ainsi que des changements parfois très rapides entre tous ces modes de jeux. Et c’est bien ce qu’on a pu vivre avec Olivier Latry, doyen des organistes titulaires des Grandes Orgues de Notre-Dame de Paris, héritier de cette prestigieuse charge qu’il occupe depuis 1985.

Historiquement connecté

Il profite de cette occasion pour rendre hommage à ces prédécesseurs. Dans le programme, dans l’ordre chronologique, la Symphonie n°3 de Louis Vierne, La Berceuse à la mémoire de Charles Racquet pour grand orgue et percussions de Pierre Cochereau, le Final extrait de la 1ère Sonate de Jean-Pierre Leguay, et une improvisation d’Olivier Latry pour finir. Et ce récital était très attendu, la file d’attente a été longue, longue, longue, un rendez-vous incontournable des connaisseurs venus pour écouter ces oeuvres particulièrement virtuoses, dont celles de Louis Vierne et de Jean-Pierre Leguay, son prédécesseur venu l’écouter.

© Wikimedia Commons
Les doigts dans la prise

Faites entrer les chamades et les autres registres à faire trembler les murs ! C’est ainsi que commence l’Allegro de la Symphonie n°3 de Louis Vierne, jouée entièrement par coeur. Un jeu chromatique rapide et un jeu au pédalier simultané montre toute la virtuosité requise pour exécuter cette oeuvre, et le croisement des mains durant ce même mouvement donne l’impression que l’organiste maîtrise l’instrument dans un double rôle de musicien et de jongleur. S’il peut donner un peu de répit lors du deuxième mouvement, Cantilène, l’intermezzo est une autre démonstration avec de nombreux changements de registres, des mains qui courent entre les différents claviers sans aucune hésitation ni fausse touche, pour finalement s’arrêter sur un magnifique accord consonant et fort en Do. L’Adagio est très chromatique mais c’est évidemment le Final qui retient toute l’attention avec un jeu très fourni au pédalier, le clavier qui se joue avec les pieds, et un déluge complet de notes qui achève l’oeuvre, premier moment musical d’une trentaine de minutes terminé entre l’organiste et l’orgue son vieux complice.

Code binaire

Une pièce pour grand orgue seul sonne bien, mais une pièce pour grand orgue et deux percussions, Emil Kuyumcuyan et Emmanuel Jacquet, sonne… différemment. Et plutôt que les yeux du public soient à 100% connectés aux écrans latéraux placés sur les côtés de le vaisseau central de la nef, les oreilles tentent de se caler sur ce rythme de Boléro, un peu perturbant car à la fois régulier et imprévisible qui nous amène en 14 minutes à un immense crescendo, comme celui de Ravel.

Le Final extrait de la 1ère sonate composée par Jean-Pierre Leguay, offre une autre diversité, celle de modes de jeux moins fréquents, des registrations aux extrêmes, une mélodie continue qui sonne comme on pourrait imaginer les bruits des premiers synthétiseurs informatiques, pleines de notes en trille sur les deux mains, prouvant ainsi que l’orgue est capable de s’échapper aussi de son statut liturgique. Preuve en est, avec beaucoup de théâtralité, et même une petite frayeur, car l’organiste équilibriste a eu un léger problème de tourne avec sa tablette numérique pour la lecture, les modes de jeux évoluent vers des clusters, ce qui rend de plus en plus opaque l’harmonieux instrument, ce cluster finissant carrément avec l’avant-bras gauche sur le premier clavier, comme un dernier accord violent.

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Looper intégré !

Enfin, arrive l’apothéose, avec le moment attendu de tout le monde : l’improvisation. Dans un style d’abord calme, puis emprunt d’une mélodie répétitive à la Steve Reich, l’orgue semble se reposer en comparaison. Et de là émerge une surprise de taille pour le public : l’organiste touche rapidement ses doigts sur le troisième clavier, et ce que l’on entend alors c’est un accord qui dure alors même que les doigts n’y sont plus.. Fabuleuse avancée dans la programmation informatique de cet orgue dont nous pouvons compter au moins onze évolutions majeures depuis sa première version au début du XVème siècle. En une heure et quart, Olivier Latry avait donc plus d’un tour dans son sac et il en a été bien applaudi ! Et en retour il offre à ce public acquis un bis avec le Finale de la 1ère Sonate de Guilmant qu’il affectionne particulièrement.

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