À L’ÉCRAN – Retransmis depuis le Royal Opera House de Londres dans les cinémas à travers le monde, le ballet Romeo and Juliet, pour son mythe et sa pièce de Shakespeare, sa musique de Prokofiev et la chorégraphie de Kenneth MacMillan est un classique à tous égards universel, offrant ainsi un véritable tour du monde.
BABYLONE
C’est dans cette antique cité de Mésopotamie que se déroulent les amours tragiques de Pyrame et Thisbé (mythe-source de Roméo et Juliette) immortalisées par Ovide, exilé dans l’actuelle Roumanie mais né en
ITALIE
là où se tient le drame (à Vérone) tel qu’il fut fixé au conte par Luigi da Porto, qui inspira directement Shakespeare, l’immortel Barde d’
ANGLETERRE
là où le Royal Opera House dévoila le 9 février 1965 (avec un certain Rudolf Noureev en Roméo) une chorégraphie devenue mythique, demeurant depuis à l’affiche et voyageant à travers le monde : celle de Roméo et Juliette signée par son directeur du ballet entre 1970 et 1977, le chorégraphe britannique Sir Kenneth MacMillan.
Son travail réunit les extrêmes et les absolus (à l’image de ce drame des mariages impossibles mais sublimes) : entre la vitalité sur scène des grandes fresques où le ballet se nourrit de danses aristocratiques quand il ne fait pas s’entrechoquer les armes (en rythme avec la musique bien sûr)… et les épisodes les plus intimes, ces pas de deux cœurs amoureux, portés par des portés si nombreux, si aériens.
La réalisation cinématographique est elle aussi un ballet, et elle est même confiée à l’ancien danseur Ross Macgibbon, qui fait suivre avec ses caméras chaque soliste instrumental en fosse dans les passages purement orchestraux, et au plateau chaque solo et duo, tout comme il montre la richesse des scènes collectives, et en travellings les corps qui fendent la scène.
Les hauts et sombres décors du GREC Nicholas Georgiadis sont visuellement décevants sur grand écran pour leur obscurité mais qui participe certes à renforcer l’universalité du drame : le flou ou plutôt le sombre artistique harmonise les différents lieux (palais, chapelle, chambre amoureuse avec ce lit d’étreintes qui se transforme en couche de marbre glacé). Ils rehaussent aussi par contraste la richesse de costumes qui définissent les maisons claniques en vives oppositions de couleurs.
Les couleurs sont même en partie celles de l’ESPAGNE mauresque, qui inspire également quelques passages chorégraphiés rappelant davantage Carmen.
De BELGIQUE et également Directeur du Ballet National des PAYS-BAS, le chef Koen Kessels anime la fosse d’une battue rebondie. L’Orchestre le suit dans des dynamiques nourries mais se tend dans les aigus en fins de phrases.
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Les rôles de cette talentueuse compagnie cosmopolite de ballet achèvent de nourrir l’universalité de la production à l’image de celle du drame.
Originaire des ÉTATS-UNIS, Francisco Serrano campe Mercutio d’une danse fougueuse à la dynamique musclée. De NORVÈGE, Lukas Bjørneboe Brændsrød est un Pâris au port pleinement aliter, mais très précautionneux dans les portés (d’autant que Juliette se débat ou se démantibule tel un mannequin pour tenter d’échapper à ce mariage imposé).
Et bien entendu, la sacrée union offerte comme seul l’art semble encore le pouvoir, est ce soir entre la RUSSIE de Prokofiev et du Roméo de Vadim Muntagirov, et le JAPON de Ryoichi Hirano en Tybalt (dont la mine ferme se traduit aussi dans sa danse) et de
Fumi Kaneko en Juliette.
Elle allie agilité et souplesse en gardant une droiture dynamique, aérienne sans perdre nullement son ancrage, d’autant que ses pointes sont vives et tenues jusqu’à la précision méticuleuse de ses petits pas. Son Roméo commence très précautionneusement sur ses appuis et ses élans, semblant d’autant plus éloigné de la jeunesse du personnage, mais c’est pour mieux sembler avaler un élixir de jouvence (avant le fatal poison), traversant le plateau dans sa cape rouge tel un Superman. C’est également ainsi qu’il domine les combats et les unissons, et qu’il porte et rattrape Juliette dans toutes ses pamoisons, jusque fort près du sol pour mieux assurer à nouveau des portés impeccables (essentiels pour figurer les montées vers les cieux – y compris le 7ème).
FRANCE
Le pays qui codifié l’esthétique et le vocabulaire universel de la danse classique. Sur sa plus belle avenue, celle des Champs-Elysées, le cinéma Publicis s’émerveille devant ce spectacle comme se sentant en communion avec tous les peuples de toutes nations vibrant à l’unisson de ce drame et de ce spectacle, à l’unisson du public dans la salle Londonienne qui applaudit à chaque temps fort et acclame au rideau.

