FESTIVAL – Du vent sous la voile ! Pour sa première venue au Festival de Saintes, l’ensemble Il Caravaggio fondé par Camille Delaforge a apporté la fraîcheur d’un programme nouveau, dans lequel on découvre un chef-d’œuvre, futur tube du baroque.
Il Pianto di Maria, de Giovanni Battista Ferrandini. Histoire sacrée, opéra minute pour un personnage, et un souffle : celui de la Vierge Marie, déplorant la mort de son fils dans une version toute latine des 5 étapes du deuil. Italie oblige, la musique insiste sur la colère et l’abattement plus que sur toutes les autres. Deux émotions qui cohabitent dans 20 minutes intenses où les yeux grands ouverts du spectateur ouvrent les vannes. Pas besoin d’être pratiquant pour croire à la tragédie d’une mère…
Floriane Hasler est la figure du drame qui se joue là, entre la fureur des cordes et la caresse de l’orgue. En fait, plus que d’être à la hauteur de la musique, elle réussit la prestidigitation ultime : hisser la musique à SA hauteur à elle. Assez vite dans l’œuvre, on oublie les questions de style, de projection, de timbre, et tous les autres mérites qui valent pour les concours. Floriane Hasler en a gagné, des concours, et on comprend vite pourquoi. Elle est de ces interprètes qui captivent avant même d’avoir commencé à chanter. On ne sait pas d’où vient cette intensité, cette humanité immédiate qui rend le drame instantanément percutant, mais les questions s’effacent vite devant l’évidence, et nous voilà devant le miroir de nos propres émotions qui donne envie de se repasser le film encore et encore. Il Pianto di Maria version Hasler / Il Caravaggio est un futur tube de nos playlists Spotify, dont on guettera la sortie au disque. Un peu de patience…

Quant au reste du programme, il est à peu près sur le même ton : une broderie de styles autour du thème de l’abandon, avec un Purcell dont les sorcières obsédantes savent se faire entendre, et un Charpentier dont la noblesse du chœur exerce son monopole sur la fin du concert. On remercie Il Caravaggio pour ces découvertes, et on n’est pas peu fiers de voir la nouvelle scène baroque, comme ses glorieux anciens, tailler à sa mesure les tubes de demain. Camille Delaforge en sera l’une des artisanes majeures.

On avait quitté Camille Delaforge au lendemain de sa première Passion selon St Jean dans la gloire de la Basilique Saint-Denis. La voilà de retour avec son Il Caravaggio, ensemble qui emprunte au peintre du clair-obscur la capacité à faire du sacré avec du simple, lui qui utilisait des gens de la rue comme modèles pour ses tableaux. On retrouve un peu de cet esprit dans l’artisanat de l’ensemble : Camille Delaforge est impériale au clavier, au centre de la musique. Au centre certes, mais pas au-dessus. Le continuo à sa droite, les cordes aiguës à sa gauche, dansant de l’un à l’autre, la cheffe distribue les entrées d’un regard, d’un signe du buste ou d’un déhanché qui, de temps à autre manque d’emporter sa tignasse, qu’elle remet en place d’un geste sûr, entre deux mouvements. Il Caravaggio, c’est du coiffé-décoiffé : moderne en diable, ébouriffant, mais toujours impeccable.
À lire également : La Playlist de Camille Delaforge, cheffe
Demandez le programme !
- H. Purcell – Pavane (Z 752)
- H. Purcell – Chaconne (Z 730)
- H. Purcell – In Guilty night
- H. Purcell – Passacaille Z 628
- G.B. Ferrandini – Il pianto di Maria
- M.A. Charpentier – Sinfonia, Elévation pour la Paix
- M.A. Charpentier – Le reniement de Saint Pierre
- H. Purcell – When Orpheus sang


Bonjour,
Avez-vous pu aussi entendre La Sportelle à Saintes ?
Ou bien viendrez-vous la decouvrir au festival de Rocamadour en août prochain ?
Merci par avance de votre attention.
Bien cordialement,
Christian
Cher Christian, Olivier, notre reporter à Saintes a en effet couvert le concert de La Sportelle. Son compte-rendu sera publié dans la journée sur olyrix.com !