Dans Ravel, tout est bon ?

FESTIVAL – Pour son deuxième concert avec orchestre, le Festival Ravel invite les voisins girondins de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine. Un programme aux mille couleurs d’un Ravel orchestrateur, avec un grand classique et deux petites pépites.

Dans les Tableaux d’une Exposition, tout est bon ! La Grande porte de Kiev et ses cuivres éclatants annonçant à grandes cloches la majesté des temps futurs, l’improbable Marché de Limoges et sa course à l’échalote, la terrifiante Cabane sur des pattes de poule et ce thème de Promenade impossible à effacer de sa mémoire. Non, vraiment, dans les Tableaux d’une Exposition, tout est bon ! Mais, il faudrait voir à pas nous prendre pour des jambons : c’est pas du Ravel ça, non ?

Ravel en technicolor

Et bien non, c’est pas du Ravel ! Mais c’est tout le but de ce concert qui célèbre, parmi les 27 autres événements du festival, les 150 ans de la naissance de son idole : montrer un des talents qui ont porté l’auteur du Boléro au firmament. « Ravel Orchestrateur », se nommait le concert. Parce que oui, si les Tableaux d’une Exposition ont des cuivres éclatants et des vents de violons triomphants, ce n’est pas du fait de leur auteur premier, le mal prénommé Modeste Moussorgski, mais bien du fait de Ravel himself. Ça nous en bouche un groin…

Du piano à l’orchestre : voilà l’intérêt du programme du soir, dans un concert éclair qui déroulait, en un peu plus d’une heure, l’art raffiné de la mise en couleurs d’une partition en noir et blanc. Même tarif pour le Carnaval de Robert Schumann et la Sonate pour violon de Ravel lui-même. À chaque fois, amateurs et amatrices de piano découvrent une sorte de mise en relief, de vue en trois dimensions d’œuvres chéries.

Tchin tchin ?

Pour ce programme, on aurait aimé des lunettes 3D, ceci dit. Non pas que la battue de Joseph Swensen soit floue, attention. Mais disons que dans l’extrême souplesse du maestro, on est plus dans du sfumato à la Vinci que dans de la ligne claire à la Hergé, si vous nous permettez la comparaison. On distingue moins bien les contours de la musique que sa matière dense, et les cordes de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine, loin d’être des peintres pourtant, se retrouvent un peu patinées par un effet de masse qui n’a pas le galbe habituel.

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Mais bon, c’est la reprise, et le public a l’air quand même très heureux d’avoir découvert ou redécouvert un Ravel expert de l’orchestration, avant de basculer dans une séquence musique de chambre, puis une autre autour des mélodies populaires, puis bien d’autres à découvrir dans cette programmation gargantuesque, qui semble nous dire, comme si on n’était pas déjà au diapason : dans Ravel, tout est bon !

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