ACTU – Si vous vivez à Paris, vous avez forcément vu passer cette affiche dans le métro : une danseuse enveloppée dans une robe rouge sombre, à mi-chemin entre le cœur et le fruit. Qu’il soit défendu ou non, la promesse charnelle est là, déjà. Et au-dessus de cette silhouette immanquable, six lettres capitales et trois chiffres magiques : GRAHAM 100.
Oui, la compagnie légendaire de danse contemporaine fondée par Martha Graham fête ses 100 ans. Et pour l’occasion, elle a fait appel à une danseuse légendaire de l’Opéra de Paris : Madame Aurélie Dupont. L’ex-étoile du Ballet et ancienne directrice de la Danse de la Grande Maison nous conviait à une table ronde pour raconter ce retour sur scène, à voir du 31 octobre au 2 novembre à Lyon, et du 5 au 14 novembre au Théâtre du Châtelet à Paris.
Teen fantasy
L’histoire entre Aurélie Dupont et la compagnie Martha Graham est, selon ses propres mots, une véritable amitié, à la fois humaine et artistique.
En 2015, à 42 ans, Aurélie Dupont fait ses adieux à la scène de l’Opéra de Paris, où elle dansait en tant qu’étoile depuis 1998. Et pourtant, elle nous confie que depuis ses 13 ou 14 ans, la danse contemporaine l’attire profondément. Après son retrait du ballet de l’Opéra de Paris, elle décide d’écrire directement à la Martha Graham Dance Company pour lui proposer une éventuelle collaboration, « sans grande envergure » (précise-t-elle), simplement dans l’idée de découvrir de l’intérieur cette compagnie et de se rapprocher d’un univers qui la fascinait depuis longtemps.
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Donnant-donnant
La compagnie accepte et l’invite à New York, où elle suit plusieurs cours pendant un temps avant de rentrer à Paris. Peu après, elle lui propose de revenir, cette fois pour travailler sur une pièce avec Virginie Mécène, danseuse principale de la Martha Graham Dance Company de 1994 à 2006, directrice de la Martha Graham School de 2007 à 2015.
La dernière fois que la compagnie Martha Graham s’était produite sur la scène d’un opéra remontait à 1991. Lorsqu’Aurélie Dupont, alors directrice de la Danse de l’Opéra de Paris, en discute avec eux, elle leur propose, par surprise, de venir se produire sur la scène du Palais Garnier. En remerciement, la compagnie lui offre un solo sur mesure, conçu spécialement pour elle dans le cadre de leur prochaine tournée.
Nommé « Désir »
Ce solo, intitulé Désir, a demandé dix jours de travail à raison de cinq heures par jour. Il s’inspire notamment de photographies de Martha Graham datant de 1927, dont certains gestes ont servi de base à la recréation chorégraphique. La musique, composée par Stahv Danker (habitué à travailler avec la compagnie), est minimaliste. Après l’envoi de plusieurs versions musicales, c’est Virginie Mécène qui a choisi le titre et demandé au compositeur d’en allonger la partition à cinq minutes, soit la durée exacte du solo. « Quelques notes et des silences », dit Aurélie Dupont à propos de cette production musicale.

Elle travaille sur cette création avec Janet Eilber, une collaboration née d’un choix mutuel. La chorégraphie est signée Virginie Mécène, tandis que la robe, en partie réalisée dans une matière élastique, est conçue par Anne-Marie Legrand (travaillant à l’opéra Garnier). À propos de cette expérience, Aurélie Dupont déclare : « La technique Martha Graham est quelque chose que j’aime avoir dans le corps. […] Quand je regarde les ballets Martha Graham, je les ressens. »

