HOMMAGE – Et si, plutôt que de refaire une énième biographie, on parcourait quelques œuvres marquantes du Maestro, juste pour le plaisir, sans ordre particulier ?
Il y a des coïncidences dans la vie qui ont parfois plus de sens que beaucoup de nécrologie prémâchées. Ce lundi 6 juillet, tôt, j’étais en train d’envoyer un email à… Ennio Morricone et à ses fils pour évoquer les conditions d’un projet futur, avec sa musique. Juste au moment de cliquer sur « envoyer », je reçois un sms avec ces simples mots « RIP Morricone ». En quelques clics, je vérifie et je m’aperçois que le Maestro est mort dans la nuit et que j’étais sur le point d’envoyer un message fort mal venu dans ce contexte…
Je n’ai jamais rencontré personnellement ce génie de la musique de film. Beaucoup d’autres vont en parler dans les jours qui viennent, et bien mieux que moi. Cette petite anecdote m’a seulement permis de penser à une chose : sa musique fait partie de ma vie depuis toujours. Et, à la lecture de l’avalanche de messages et d’articles depuis ce matin, il semble qu’il soit l’un des très rares compositeurs à avoir autant marqué les esprits du plus grand nombre, toutes générations confondues.
Le premier choc fut sa musique de Once upon a time in the West, et particulièrement cet harmonica légendaire et si inquiétant. Je me souviens que je ne comprenais pas comment Charles Bronson faisait pour jouer, tout en restant si impassible !
Ensuite, ce fut la compréhension de l’apport de la musique au cinéma. Pas une seule parole dans ces six minutes du duel final de The Good, the Bad and the Ugly. Toute l’action n’est que musique.
Puis, l’idée que la musique de film s’écoutait pour elle-même, sans besoin d’aucune image. Ce fut Mission et ses mélanges de musiques andines, de ces chœurs liturgiques et de ce thème au hautbois, inoubliable. La musique comme langage universel.
L’humour noir et grinçant des films politiques italiens d’Elio Petri, retranscrit magnifiquement dans sa musique, pour Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon.
Impossible de passer à côté d’un des plus beaux films de l’histoire du cinéma, Once upon a time in America, et toute la nostalgie d’un monde perdu mise en musique dans ce Poverty déchirant.
Et pour finir ce court hommage, la musique de Peur sur la Ville, qui résume parfaitement le travail de l’ambiance de ce compositeur, avec encore et toujours cet harmonica strident, glaçant, décrivant à merveille la folie du tueur psychopathe.
PS : Beaucoup (trop ?) de coffrets existent réunissant les musiques de Morricone. Aucun n’est aussi complet que le dernier en date, sorti chez DECCA en 2019 : en savoir plus ici.