CONCERT – Alors que le centre culturel BOZAR et la Monnaie de Bruxelles mettent en lumière les œuvres de Gustav Mahler à travers un cycle qui couvre les saisons 2023-2024, le public belge se rassemble en célébration de l’influence du compositeur sur ses suiveurs.
Baguette (magique)
Devant l’intensification du romantisme propre à Mahler, il apparaît que le chef Alain Altinoglu ait visé à diluer l’isolement du compagnon errant des Lieder eines fahrenden Gesellen en l’accompagnant de quelques pairs, par le biais des Cinq pièces pour orchestre op. 16 d’Arnold Schönberg, du Concerto pour violon et orchestre, op. 35 d’Erich Wolfgang Korngold et en particulier de la bande sonore d’Harry Potter par John Williams. Devant une salle comble, il semblerait que la musique pour jeune sorcier ait réussi à rassembler les oreilles moldues et musicales de tous âges.
Chaque fois que Harry Potter s’envole sur son balai, on peut entendre la “Résurrection” de Mahler.
Norman Lebrecht (critique musical)
Ciné-Mahler
Bien que le rapport initial entre Mahler et Harry Potter semble faible, un lien se dessine par l’impact de Mahler sur la musique de films. Mahler n’a pas connu l’émergence du cinéma parlant, mais son leg musical continue de résonner sur les écrans modernes. Avec sa maîtrise à créer des univers sonores d’une complexité et d’une richesse émotionnelle remarquable, Mahler a tracé la voie vers des compositions classiques aux dimensions narratives et cinématographiques plus marquées. Souvent présent dans les bandes sons de film, sa musique colle aux images dans Mort à Venise de Luchino Visconti (1971) ou Irréversible de Gaspar Noé (2002).
Les Lieder eines fahrenden Gesellen sont ici portés par Stéphane Degout, brillant de retenue. Offrant une voix de baryton cotonneuse et ronde, l’élégance de la ligne vocale rejoint la maitrise de l’orchestre avec profondeur. Pudique et enveloppés, les graves s’apposent avec patience sur les Wenn Mein Schatz Hochzeit macht et ich hab ein glühend messer.
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Korngold : la ruée ver l’or
Présent au cinéma d’Hollywood, Erich Wolfgang Korngold se distingue comme membres de la première vague de compositeurs dédiés au cinéma. Avec une signature musicale bien distincte, l’influence de la jeunesse passée dans un romantisme fin-de-siècle viennois imprègne ses œuvres pour le cinéma. Kornkold signe chez la Warner Bros, signant la bande-originale du Robin des Bois de Michael Curtis en 1938 (qui lui valut un Oscar), ou bien de Capitaine Blood ! En douze années, il composera dix-huit musiques de film. Une vraie machine à tubes… Son Concerto pour violon et orchestre est empreint d’énergie, l’allegro assai vivace rappelant les énergiques compétitions de Quidditch d’Harry Potter (sorte de Rugby sur Balais volant). Satenik Khourdoian brille au violon. La ligne des cordes est d’une extrême légèreté, un équilibre ténu une vélocité digne des compétitions sportives de Poudlard, et du Nimbus 2000 de John Williams. C’est une véritable ovation pour la soliste !
Tom Shönberg Jedusor
Dans ce programme en poupées russes, les influences entre compositeurs sont palpables. Dans les Cinq pièces pour orchestre de Schönberg, le monde d’Harry Potter fait doucement surface avec Vergangenes : Mäßige Viertel. Sineuse et lancinante, la ligne des cuivres rappelle The Face of Voldemort de John Williams. Composé en 2002 pour La Chambre des Secrets, la construction architecturale de la suite retrouve la force narrative de Schönberg et la puissance de Mahler.
Instant précieux pour tout âge, le public en liesse ovationne la qualité de l’Orchestre Symphonique de la Monnaie et la générosité de sa direction. Altinoglu, père de famille connait décidément ses classiques, et clôt le concert par un morceau surprise de John Williams : La marche impériale de Star Wars.
Demandez le programme !
- A. Schönberg – Cinq pièces pour orchestre op. 16
- G. Mahler – Chant du compagnon errant
- E.W. Korngold – Concerto pour violon et orchestre, op. 35
- J. Williams – musique pour les films Harry Potter
