OPÉRA – L’Opéra Comique présente Fidelio jusqu’au 3 octobre. L’unique opéra de Beethoven, ode au courage et à l’humanisme, est transposé dans une prison américaine ultra-moderne où le numérique prend une grande place. A voir sur Arte en direct, vendredi 1er octobre.
Que l’Opéra Comique ouvre sa nouvelle saison avec Fidelio n’est certainement pas un hasard. L’unique opéra de Beethoven, qui s’articule autour des valeurs d’humanité et de fraternité, porte un message philosophique et universel dont on a encore bien besoin aujourd’hui : faire bloc commun pour combattre les injustices.
Programmer Fidelio, alors que l’actualité nauséabonde est marquée par les violences à l’encontre des femmes, des enfants, des personnes précaires, des migrants, n’est certainement pas un hasard. Ouvrir Fidelio sur une scène de violence policière, n’est certainement pas un hasard non plus.
C’est là toute la magie de Fidelio : l’argument où il prend sa source peut être naïf, voire simplet – « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » – mais porte pourtant un message capital.
Dans cette version 2021, dont la mise en scène est signée Cyril Teste, Florestan est prisonnier politique isolé au cœur d’une prison américaine par le gouverneur Don Pizarro. Pour le libérer, sa femme Léonore se travestie en homme et se fait embaucher gardien de prison sous le nom de Fidelio. Prête à tout pour retrouver son mari, elle accepte même d’épouser Marzelline, dont le père, Rocco, est le geôlier de la prison.
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Instruments d’époque
Dans ce Fidelio ultra-actuel d’un peu plus de deux heures, les dispositifs numériques accompagnent de bout en bout la narration. Sept grands écrans mobiles se fondent dans le décor, reliés par moment à une caméra qui filme en direct les protagonistes même hors scène, permettant ainsi l’intégration d’informations supplémentaires. La vidéo devient une partie de la narration, et la mise en scène en use, voire, en abuse : on se serait bien passé des images qui accompagnent les solos de Léonore ou Florestan.
Depuis la fosse, l’orchestre Pygmalion, dirigé avec solidité par Raphaël Pichon, joue la musique de Beethoven sur des instruments d’époque, et crée un anachronisme savant entre la mise en scène et la composition. Venant renforcer l’idée que la temporalité n’a finalement, aucun effet sur Fidelio.
D’un casting un peu déséquilibré, on retiendra de cette première les deux héros de l’histoire beethovenienne : le magistral ténor américain Michael Spyres dans le rôle de Florestan, qui a laissé l’auditoire sur le carreau après son Gott, welch Dunkel hier et la soprano anglaise Katherine Broderick, venue sauver in extremis le rôle-titre de Fidelio, dont la titulaire, l’Australienne Siobhan Stagg, s’est retrouvée dans l’incapacité de chanter. Sa présence dans la fosse, quoique déroutante aux débuts, s’est vite fondue dans le décor, portée par les aigus puissants et le timbre chaud de sa voix, experte dans le rôle de Leonore.