FESTIVAL – Unique en son genre, le festival Aspects des musiques d’aujourd’hui, organisé par le Conservatoire et Orchestre de Caen, ouvre la musique contemporaine à tous, d’une manière originale et participative. Il fête ses 40 ans du 14 au 20 mars 2022.
Chaque année, le temps d’une semaine dans les rues de Caen, les passants reconnaissent et interpellent des compositeurs de musique contemporaine. Il faut le voir pour le croire ! Philippe Hersant, Eric Tanguy et même Elliott Carter sont devenus des familiers grâce à l’extraordinaire travail mené par le Festival Aspects des musiques d’aujourd’hui depuis quarante ans.
A l’occasion de cet anniversaire, rencontre avec Aurélien Daumas-Richardson, directeur du Conservatoire et Orchestre de Caen.
CMPHB : A quoi est due la longévité du festival ?
Aurélien Daumas-Richardson : Il faut partir du lieu où se déroule le festival Aspects des musiques d’aujourd’hui : à Caen sont réunis au sein d’une même structure l’Orchestre de Caen et le Conservatoire. Pendant le festival, il y a une émulation entre les concerts du festival et toutes les classes du conservatoire. Nous invitons un grand compositeur contemporain en faisant également jouer sa musique par les élèves : ces « avant-scènes » présentent des pièces abordables qui sont autant de portes d’entrée pour le public vers le répertoire d’aujourd’hui. Il faut saluer le travail de Yvon Quénéa, flute solo de l’Orchestre et professeur au conservatoire, qui assure la partie pédagogique du festival. Les professeurs du conservatoire sont très impliqués.
Quand le compositeur se tient devant les élèves pour parler de sa pièce, une partition devient un souvenir personnel pour eux.
Aurélien Daumas-Richardson, directeur du Conservatoire de Caen
Les réticences envers la musique contemporaine tombent-elles ?
Oui car tous les élèves sont impliqués et pas seulement les artistes professionnels. Quel que soit son niveau, on peut jouer de la musique contemporaine. Les élèves sont plus sensibles à la musique tonale mais pour eux c’est normal d’aborder ce répertoire un peu « bizarroïde ».
Quand le compositeur se tient devant eux pour parler de sa pièce, une partition devient un souvenir personnel pour ces jeunes interprètes : ça les marque. En quarante ans ans, les élèves ont ainsi échangé avec des « stars » mondiales de la création comme l’Américain Elliott Carter ou la Finlandaise Kaija Saariaho.
Les Français Philippe Hersant, Eric Tanguy et Régis Campo, qui sont venus souvent, sont au programme d’un concert de La Maîtrise de Caen le 19 mars. Les compositeurs sont les meilleurs ambassadeurs du festival.
Comment fêter ces 40 ans ?
Nous avons joué avec l’année 1982, celle de la création du festival. A l’occasion d’un concert intitulé Nineteen eighty two, le 19 mars, nous programmons des pièces créées, éditées ou retouchées en 1982 par Aaron Copland, Philip Glass, Steve Reich et Terry Riley. Et le 17 mars, la percussionniste Adélaïde Ferrière jouera Psappha de Iannis Xenakis. Cette pièce programmée lors de la première édition, vient à point pour fêter l’année Xenakis.
De même en programmant le 19 mars Les Vingts Regards sur l’enfant Jésus d’Olivier Messiaen, que son épouse, la pianiste Yvonne Loriod, a interprétés à Caen en 1982. La pianiste de ce concert est Marie-Pascale Talbot, professeur au Conservatoire de Caen et ancienne élève de Loriod. (Dans la salle ce jour-là il y avait un élève qui est devenu lui-même compositeur : Eric Tanguy!)
Le 20 mars, nous programmons une pièce de la compositrice Nina Šenk, née en 1982. Enfin, plusieurs concerts feront entendre les œuvres de Martin Matalon (le 16 mars par le trio K/D/M) et Tôn Thât Tiêt (le 20 mars par l’ensemble Muzicatreize) deux compositeurs qui auraient dus être à l’honneur des festivals reportés de 2020 et 2021.