FESTIVAL – La compagnie Les Sérieuses Fantaisies fait sa première au Festival Off d’Avignon, avec un spectacle haut en couleurs et en notes, saupoudré d’une bonne dose d’humour : « Sonate, une fantaisie MOZARTienne », une aventure musicale et théâtrale écrite et interprétée par Camille de Léobardy. Rendez-vous à 20 h 30 (relâche les mardis) au Théâtre du Centre pour un one-woman-show mis en scène par Camille de Léobardy et Pierre Ficheux.
Ça travaille du chapeau !
Dans un spectacle qui va et vient entre théâtre et musique, Camille de Léobardy, à la fois comédienne et pianiste, nous fait voyager autour de la célèbre Sonate pour piano n° 11 de Mozart et éclaire également la vie de Ludwig von Köchel, le musicologue dévoué qui a passé douze ans de sa vie à cataloguer les œuvres du compositeur. Ces deux génies ne se sont jamais rencontrés (Köchel est né huit ans après la mort de Mozart), mais dans un tour de magie théâtrale, Camille de Léobardy les fait dialoguer dans un rêve extravagant et musical.
Köchel, épuisé par son travail titanesque et plongé dans un sommeil agité, rencontre un Mozart désespéré qui veut tout changer, qui veut de la nouveauté, du fun, peut-être même une sonate n°11 au djembé et à l’harmonica ! (Elle cherche à mettre en évidence la difficulté de la création artistique). Avec une dose d’humour et une énergie débordante, Camille de Leobardy nous régale avec des échanges hilarants entre les deux hommes et des transformations rapides (elle parle et échange de place avec elle-même, passant d’un personnage à l’autre en une seconde, mon précieux !). Un simple chapeau suffit à métamorphoser Mozart en Köchel, et hop, le voilà reparti dans une danse avec les notes et les mots, discutant, riant, créant. Et oui, même au XXIe siècle, on connaît toujours Mozart, et c’est en partie grâce à Köchel, ce que ce dernier a du mal à croire.
Sombrero, canotier : Mozart a une tête à chapeau
Camille de Léobardy rend hommage à Köchel avec une touche pédagogique, mais surtout ludique. Elle nous fait voyager dans le vaste répertoire mozartien avec des interprétations tantôt enregistrées, tantôt jouées en live au piano, à commencer par le premier mouvement de la Sonate n° 11, qui sert de colonne vertébrale à la pièce. De Vorrei spiegarvi, oh Dio à la Symphonie n° 40, en passant par le Dies irae du Requiem et l’air de la Reine de la Nuit, sans oublier le fameux troisième mouvement alla turca de la Sonate n° 11. Mais Mozart, incarné par la comédienne, ne se contente pas de rester dans son époque (il veut de la nouveauté, mais surtout sa liberté) : il joue, improvise, mélange les styles, adaptant sa Sonate n° 11 avec des influences de la Habanera ou le Libertango de Piazzolla. Tango avec Mozart, ça envoie du lourd !
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Et si on jonglait avec les chapeaux ?
Camille de Léobardy nous éblouit par son implication et sa passion. Son jeu corporel et ses mimiques prennent le relais lorsque la parole est superflue, réussissant à transmettre son message et à faire rire le public sans dire un mot. Son habileté pianistique n’est pas à négliger, proposant un flux musical constant et fluide, plein de nuances et d’agilité. Elle n’hésite pas à jouer assise par terre, montrant sa virtuosité et son aisance. Le public est conquis, applaudissant chaleureusement et demandant des rappels. Camille de Léobardy revient d’abord en Köchel, puis en elle-même, saluée par une ovation méritée. Chapeau !